réal. & scénario françois ozon, d’après la nouvelle de ruth rendell une amie qui vous veut du bien (the new girlfriend, 1985), int. romain duris, anaïs demoustier, raphaël personnaz, isild le besco, aurore clément. 2014, 107′. 3,5 pouces
le synopsis
après la mort prématurée de laura (le besco), son amie d’enfance, claire (demoustier) sombre dans la dépression. mais une découverte…
… surprenante venant de david (duris), le mari de son amie disparue va lui redonner goût à la vie…
l’avis
l’amitié de claire (demoustier) et de laura (le besco) – dont l’ombre plane d’un bout à l’autre du film même si le personnage n’apparaît vraiment que cinq minutes – s’apparente à une histoire d’amour platonique entre deux êtres qui se sont « trouvés », peu importe le sexe auquel ils appartiennent. l’amour au-delà du genre: voilà bien le thème du film, l’amour au-delà des apparences, au-delà du jugement des bien-pensants incarné par le personnage de gilles (personnaz), le mari de claire, ce jugement immédiat de la société sur la différence, la moquerie facile qu’elle inspire et la haine qu’elle peut susciter. le sous-thème, si l’on peut dire, est que la féminité ne joue pas seulement sur le sexe et le désir. c’est quelque chose de plus large mais aussi de plus intérieur.
ici, le cycle naturel de la vie nous est offert, à savoir qu’à la mort correspond une naissance, métaphorique certes, car celle d’un personnage vers un autre, celle d’un sentiment en un autre et du glissement de sentiments d’un personnage à un autre, une naissance empreinte de doute et d’interdits, qui veut se débarrasser du conformisme et des conventions. cette mort ne figure pas dans la nouvelle de ruth rendell, mais elle permet au spectateur (et à claire) de comprendre les raisons du comportement de david (duris). l’homosexualité est évidemment sous-jacente dans l’histoire, mais pas elle n’émane pas, comme on pourrait le croire, du principal protagoniste.
le film ouvre bien des tiroirs et ne laisse pas indifférent. romain duris parvient parfaitement à transmettre au spectateur le malaise qu’il suscite chez celles et ceux qui le côtoient dans le film. et c’est bien là le but recherché. mission accomplie.