j’accuse


réal. roman polanski, scénario roman polanski et robert harris, d’après le roman de robert harris, int. jean dujardin, louis garrel, emmanuelle seigner, grégory gadebois, melvil poupaud, vladimir yordanoff, mathieu amalric, vincent perez, michel vuillermoz, denis podalydès, andré marcon. 2019, 132′. 3,5 pouces

le synopsis
promu en 1893 au grade de capitaine, alfred dreyfuss est accusé l’année suivante de trahison…l’avis
le film raconte cette affaire qui secoua la fin du 19ème siècle dans la france de la 3e république, non du point de vue du capitaine déchu mais du lieutenant-colonel georges picquart (dujardin), son plus ardent défenseur et… antisémite.

alfred dreyfuss (garrel) est accusé d’avoir livré à l’allemagne des documents secrets. le 22 décembre 1894, il est condamné à l’unanimité à la destitution de son grade, à la dégradation militaire et à la déportation perpétuelle dans une enceinte fortifiée, c’est-à-dire au bagne en guyane. le 5 janvier 1895, il est dégradé dans la cour d’honneur de l’école militaire de paris sous les cris d’une foule haineuse et embarque le 21 février pour poser le pied sur l’île du diable cinq jours plus tard. il y restera deux ans dans des conditions inhumaines.

pendant ce temps, le commandant picquart est nommé lieutenant-colonel et chef du service du contre-espionnage. il découvre que le dossier d’accusation de dreyfus est vide et que les preuves de sa condamnation ont été fabriquées. homme droit mais profondément antisémite, il se battra néanmoins pour rétablir la vérité et réhabiliter dreyfus. il découvre ainsi que le commandant walsin esterhazy espionne pour l’allemagne et que son propre adjoint, hubert-joseph gregory, a produit de faux documents pour accuser dreyfus.

lorsque esterhazy est disculpé, l’écrivain émile zola écrit son fameux J’accuse! dans les colonnes du journal l’aurore le 13 janvier 1898, étant bien conscient (ce qu’il dit à la fin de son article) qu’il enfreint la loi sur la diffamation. il sera condamné et s’exilera en angleterre.

seul contre tous, et notamment ses supérieurs qui sont tous compromis dans cette affaire, picquart sera à son tour arrêté et fera un an de prison.

dreyfus quant à lui passera deux ans sur l’île du diable avant de revenir en france pour être rejugé, re-condamné à 10 ans de prison, puis finalement gracié pour raison de santé.

scénario vs réalité historique
adapté du roman de robert harris, dont il cosigne le scénario, ledit scénario – qui soit dit en passant clame que tout est vrai et que les personnages sont réels – prend des libertés avec l’histoire. dans le film, picquart doute immédiatement de la culpabilité de dreyfus. dans la réalité, il mettra beaucoup de temps à le croire innocent, au point que lorsqu’il découvrira l’existence d’esterhazy, il pensera que tous deux sont complices. il ne s’engagera vraiment qu’en 1898, lorsqu’il apprend que la famille dreyfus enquête de son côté. motivé dès le départ par le souci de protéger l’honneur de l’armée, il finit par détenir suffisamment d’informations pour faire éclater la vérité. mais, lorsque ses supérieurs, qui eux sont tous complices, l’écartent en l’envoyant en tunisie, picquart a le choix entre la conscience et l’uniforme. il peut transmettre ses informations à la famille dreyfus mais n’en fait rien et garde le silence en choisissant l’uniforme. picquart n’est donc pas le héros intrépide et droit que le film dépeint mais un homme plein de contradictions et d’ambiguïtés. en réalité, il n’a jamais voulu rencontrer dreyfus et, nommé ministre de la guerre par georges clemenceau, refusera de le rétablir dans tous ses droits. c’est la dernière scène du film, qui est fidèle à la réalité mais est, à ce titre, quand on connaît la vraie histoire, incompréhensible après le long combat qu’il a mené (dans le film) tout au long de ces huit années.

à part ça, le film est palpitant et mené comme un polar avec un dujardin à la diction très oss117ienne dans un paris reconstitué à la perfection.

à voir, donc, évidemment…

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