césar 2020


cela n’aura échappé à personne, florence foresti, maîtresse de la « dernière… euh de la 45e cérémonie des césar », n’a pas cessé…

… d’écharper les harceleurs (surtout un) et celle qui l’a soutenu, j’ai nommé l’académie du cinéma, voire l’industrie du cinéma tout entière. « il va y avoir un moment où on va avoir un souci, il va y avoir douze moments où on va avoir un souci. bon alors, kékon fait avec roro, avec popol, avec atchoum? ne faites pas comme lui, ne faites pas les innocents, vous savez de qui je parle… »

de polanski, pardi! polanski le violeur, polanski le déclencheur, polanski le paria qui, de festival en festival, ne cesse de remporter des prix avec son j’accuse et dont les récompenses sont autant d’hectolitres d’huile versés sur le feu de la colère des féministes qui avaient, ce vendredi soir, appelé à manifester contre les douze nominations que le film avait recueillies, déclenchant par la même le désistement de toute l’équipe du film. une colère qui se déverse aussi contre les acteurs du film, au premier rang desquels jean dujardin, qui a tenté de défendre le réal franco-polonais et qui, hier encore adulé car oscarisé, se voit aujourd’hui accusé d’être complice des crimes de ce dernier, au point de déclarer « je me casse, ça pue dans ce pays ».

sur un mode humour décapant, foresti donne le ton: « il est hors de question que j’assume ça toute seule. vous êtes très sympathique, je vous aime beaucoup mais allez vous faire enculer, en gros (…) je ne suis pas la greta thunberg du cinéma français (…) j’ai décidé qu’atchoum n’était pas assez grand pour faire de l’ombre au cinéma français et au reste de la sélection (…)« .

quoi qu’il en soit, vendredi soir, la colère s’appelait adèle haenel, actrice principale du film de céline sciamma portrait de la jeune fille en feu et victime, pendant son adolescence, d’attouchements répétés de la part du réalisateur christophe ruggia. « distinguer polanski, c’est cracher au visage de toutes les victimes », avait-elle déclaré au new york times. elle a quitté la salle en lançant un « la honte » à l’annonce du césar du meilleur réalisateur (attribué à polanski of course). l’humour a des limites et, après cette annonce, foresti twitte « écoeurée » et ne revient pas sur scène, laissant la présidente d’honneur sandrine kiberlain assurer seule l’interim.

céline sciamma, dont le film était 10 fois nommé et qui ne recevra qu’une seule récompense, avait étrillé, une semaine à peine avant la cérémonie, la domination patriarcale, bourgeoise et vieillissante de l’industrie du cinéma français dans les colonnes du quotidien britannique the guardian. punition? probable. la réalisatrice était aussi au nombre des 400 personnalités à signer, le 10 février dernier, une tribune pour dénoncer le fonctionnement de l’académie des césar et qui avait poussé, quelques jours plus tard, l’ensemble de la direction de ladite académie à démissionner. du jamais vu.

vendredi soir, la colère était aussi incarnée par des féministes qui estim(ai)ent inacceptable la place accordée à polanski, accusé encore une fois de viol, cette fois en 1975, par la française valentine monnier, âgée alors de 18 ans.

jugée « césar de la honte », marquée par un mouvement #metoo plus d’actualité que jamais, quasiment au point d’occulter le palmarès, cette 45e édition aura donc été plus politique qu’entertaining.

palmarès? quatre statuettes pour les misérables (film, espoir masculin, public et montage), trois (sur douze nominations) pour j’accuse (réalisateur, adaptation – avec un jean-pierre daroussin emprunté prononçant à moitié le nom du réal et le titre du film – et costumes), ex aequo avec la belle époque (actrice dans un second rôle, scénario original – joli discours de remerciements de bedos – et décors).

film : les misérables de ladj ly
réalisateur : j’accuse de roman polanski
actrice : anaïs demoustier pour son rôle dans alice et le maire
acteur : roschdy zem pour son rôle dans roubaix, une lumière
acteur dans un second rôle : swann arlaud dans grâce à dieu
actrice dans un second rôle : fanny ardant dans la belle époque
film étranger : parasite du sud-coréen bong joon-ho
premier film : papicha de mounia meddour
scénario original : nicolas bedos pour la belle époque
décors : stéphane rozenbaum pour la belle époque
costumes : pascaline chavanne pour j’accuse
espoir féminin : lyna khoudri pour son rôle dans papicha
espoir masculin : alexis manenti pour les misérables
court-métrage d’animation : la nuit des sacs plastiques de gabriel harel.
long-métrage d’animation : j’ai perdu mon corps de jérémy clapin documentaire : m de yolande zauberman
court-métrage pile poil de lauriane escaffre et yvonnick muller
public : les misérables de ladj ly
son : nicolas cantin, thomas desjonquères, raphaëlle mouterde, olivier goinard et randy thom pour le chant du loup
adaptation : roman polanski et robert harris pour j’accuse, d’après le roman d. de robert harris
montage : flora volpelière pour les misérables
photographie : claire mathon pour portrait de la jeune fille en feu
musique originale : dan levy pour j’ai perdu mon corps

 

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