blackKklansman


réal. spike lee, scénario charlie wachtel, david rabinowitz, spike lee, kevin willmont, d’après le roman de ron stallworth, int. john david washington, adam driver, laura harrier, robert john burke, topher grace, ryan eggold, jasper pääkkönen, paul walter hauser, ashlie atkinson. 2018, 136′. 3,5 pouces

le synopsis
fin des années 1970. ron stallworth (washington) est le premier officier de police noir du colorado. à l’heure de la lutte pour l’égalité des droits des minorités, il décide…

… de faire bouger les choses en infiltrant le ku klux klan…

l’avis
cette histoire est la preuve que les choses ne peuvent bouger qu’avec des gens (hommes ou femmes) qui ont le courage – et de bonnes raisons – de le faire. tiré d’une histoire vraie et adapté d’un roman éponyme, le film raconte donc l’infiltration gonflée et indirecte d’un jeune flic black dans l’organisation suprémaciste fondée en 1865 comme conséquence directe de la défaite des états confédérés face aux unionistes lors de la guerre de sécession.

comment s’y prend-il? une fois le contact établi au cours d’une conversation téléphonique durant laquelle il se fait passer pour un raciste extrémiste, il envoie son collègue flip zimmerman (driver) se faire passer pour lui. ensemble, et avec l’accord de leurs supérieurs – pourtant hésitants au départ -, ils parviennent à déjouer une attaque terroriste sur patrice dumas (harrier), étudiante membre d’un groupe de défense des droits des afro-américains.

lee a pris quelques libertés avec le roman. l’identité de zimmerman reste en effet un mystère et le personnage de patrice dumas n’a probablement jamais existé, même s’il est fortement inspiré d’angela davis. la fin du film explique pourquoi stallworth a gardé le silence jusqu’en 2006 où il a révélé dans une interview tous les détails de l’infiltration et le rôle qu’il a joué. le livre dont est tiré le film a été publié en 2014.

quoi qu’il en soit, on ne sait pas si certaines répliques du film ont été réellement prononcées à l’époque ou si elles ont été inventées par les scénaristes. des répliques telles que « america first » (ça ne vous rappelle rien?). il faut dire que l’expression a été utilisée à divers moments de l’histoire américaine lorsque les états-unis se sentaient fragilisés et ressentaient le besoin de protéger ses intérêts (un protectionnisme virant souvent à l’isolationnisme) ou « make america great again« , slogan utilisé par ronald reagan en 1980, bill clinton en 1992, et le psychopathe orange à moumoute jaune en 2016.

et le film de se terminer sur les violences survenues lors de la manifestation de l’extrême droite à charlottesville en août 2017, en protestation contre le démontage de la statue du général confédéré robert lee. ce n’est pas la première fois que le ku klux klan défile cette année-là, mais les suprémacistes ont vu dans l’élection, au début de cette année-là, du psychopathe à moumoute une carte blanche (sans mauvais jeu de mots) donnée à l’expression de leur haine par une violence décomplexée.

moralité: près de quarante ans après les faits relatés dans le film, la situation n’a pas changé d’un iota. pire, elle semble même légitimée – à demi-mot, mais légitimée quand même – par un président qui déclare: « il y avait de mauvaises personnes des deux côtés des manifestants ». attitude politique et humaine pitoyable, pathétique et dangereuse, mais hélas emblématique d’une époque où l’on assiste à l’émergence des populismes comme réponse à la faillite des systèmes politiques traditionnels et, de manière plus générale, à la résurgence du racisme, de l’homophobie, de la grossophobie, bref de la connerie sans vergogne, autrement appelée haine de l’autre, contradictoire avec les notions qu’affectionnent les media de « solidarité » et de « vivre ensemble ».

très actuel, finalement…

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