red sparrow


réal. francis lawrence, scénario justin haythe, d’après l’oeuvre de jason matthews, int. jennifer lawrence, joel edgerton, matthias schoenaerts, charlotte rampling, ciáran hinds, jeremy irons, mary-louise parker. 2018, 138′. 3 pouces

le synopsis
une danseuse étoile du ballet du bolchoï (lawrence) voit carrière stoppée net…

… à la suite d’un accident lors d’une représentation. recrutée contre son gré par son oncle (schoenaerts) qui travaille pour les services secrets russes, elle est entraînée à utiliser ses charmes et devient rapidement l’un de ses meilleurs agents.

l’avis
bizarre, l’histoire de cette danseuse qui devient, en quelques mois, une espionne de haut vol, qui comprend les enjeux géopolitiques et trompe son monde avec maestria (avec qui?), jusqu’à trahir son propre sang. bon mais admettons. après tout, il n’est pas totalement incongru d’imaginer qu’un rat cache en fait une mata hari. cela dit, cela nuit. en premier lieu à la crédibilité du récit. tout va un peu vite, tout est un peu facile. le personnage de dominika egorova (lawrence, donc) navigue presque sans aucun problème dans un monde énigmatique et dangeureux dont elle n’avait aucune idée quelques mois auparavant. de plus, et soit dit en passant, je ne trouve pas que jennifer lawrence soit sidérante de beauté, comme on voudrait nous le faire croire. question de goût, vous me direz. tout à fait, vous répondrai-je.

bizarres aussi, ces films où les personnages sont russes mais interprétés par des acteurs anglophones connus qui prennent tous de surcroît, dans la v.o.,  un léger accent slave à base d’intonations traînantes et de roulements de « r ». comme si on prenait samuel le bihan pour interpréter un bruxellois ou benoît poelvoorde pour jouer un anglais. avec l’acceent, s’entend. je ne sais pas vous, mais moi, ça m’a fait sourire du début à la fin. à noter que la version française reprend le principe mais de manière atténuée. kelly marot, la doubleuse française de jennifer lawrence, adopte un phrasé très travaillé, fait de diction articulée et de prononciation très légèrement gauchie sans « r » roulés, faisant planer le doute sur la francophonie du personnage, sans pour autant trahir sa russophonie. good job, miss marot et un point pour une version française que naguère l’on décriait à qui mieux mieux.

risible, cette école où l’on forme les « moineaux » évoqués dans le titre, ces redoutables futurs espions russes, où l’accent est mis sur la manipulation par la séduction, notamment à travers un lavage de cerveaux à coups de poncifs et de préceptes pas nouveaux, de « tortures » psychologiques (« déshabillez-vous! », devant une classe pleine et attentive) et le visionnage de vidéos montrant des pratiques sexuelles supposées choquantes pour les jeunes recrues (une femme à genoux bâillonnée et une autre, debout, une cravache à la main… lol, j’ai envie de dire). charlotte rampling est toutefois parfaite dans le rôle de l’instructrice dépourvue d’état d’âme. une mention spéciale pour matthias schoenaerts qui tire son épingle du jeu avec son impeccable rigueur et son anglais parfait.

à part ça, aucun cliché ne nous est épargné: agents doubles (voire triples) et trahisons, blanches colombes et vilains messieurs, menaces internationales et tortures insoutenables, amour impossible et transformation du personnage. normal, me direz-vous, c’est un film d’espionnage. admettons, vous rétorquerai-je.

cela dit, les aficionados du genre seront sans doute enchantés.

 

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