réal. gore verbinski, scénario justin haythe, int. dane dehaan, jason isaacs, mia goth, celia imrie, ivo nandi, lisa banes, adrian schiller. 2017, 147′. 3,5 pouces
le synopsis
jeune cadre ambitieux travaillant pour une société financière new yorkaise, lockhart (dehaan) est chargé par sa direction de se rendre en suisse, …
… à l’institut « wellness », pour y ramener le directeur de l’entreprise surmené qui ne semble pas vouloir rentrer à new york.
l’avis
le film commence un peu comme shutter island (scorsese, 2010). on s’en souvient, l’intrigue – l’arrivée sur une île d’un inspecteur de police pour les besoins d’une enquête – se révélait n’être qu’une métaphore de « l’enfermement » psychologique que subissait le personnage principal incarné par dicaprio. ici, si l’histoire diverge (et diverge, c’est énorme), le point de départ est assez sembable. cela dit, on ne se refait pas, gore verbinski (gregor de son vrai prénom) vient de la pub et l’efficacité, ça le connaît. et même s’il a oeuvré dans des genres très divers (la souris, 1997, le mexicain, 2001, the weather man, 2005, rango, 2011, et lone ranger, 2013), n’oublions pas qu’il a aussi réalisé le cercle (2002), remake américain du film d’horreur japonais the ring (hideo nakata, 1997), et trois des 4 (bientôt 5) pirates des caraïbes. le fantastique et l’horreur, ça le connaît aussi. on ne s’étonnera donc pas que son scénario, qui joue sur plusieurs tableaux et balade le spectateur, instille une angoisse insidieuse qui finira par éclater au grand jour et installe un esprit plus fantastique que « psychiatrique », même si on ne sait jamais vraiment si les hallucinations du personnage sont le fruit de ses phobies profondes ou si elles sont dues au traitement, en apparence très sain (de l’eau), qu’on lui administre.
« you can check out anytime you like, but you can never leave« , pourrait-on entendre résonner dans les couloirs de cet institut, en écho à l’affirmation à la fois effrayante et définitive de hotel california. de plus, procédé déjà utilisé par polanski il y a 40 ans dans rosemary’s baby, l’air entêtant chantonné par une petite fille dans la bande originale (celui de rosemary’s baby était chantonné par mia farrow herself) permet d’installer facilement un climat d’angoisse larvée dont va, forcément, surgir l’épouvante. et ce malaise permanent est aussi alimenté par la fragilité à fleur de peau du personnage principal (dehaan parfait, toute ressemblance avec un dicaprio ayant existé n’est pas fortuite).
la mise en scène est volontairement lente et l’enjeu dramatique met un temps fou à s’installer (alors qu’on comprend dès le départ que le protagoniste risque bien de ne jamais sortir de cet antre de la folie). du coup, il y a des longueurs. on aurait pu couper 20 bonnes minutes au montage (toute la séquence du village est à mon sens inutile) que le film n’en eût pas été amoindri. cela eût même permis de rester centré sur le huis clos de l’institut et de rendre l’intrigue encore plus étouffante.
en fait de suisse, les séquences de l’institut n’ont pas été tournées en terres helvétiques (celles et ceux qui connaissent la suisse ne se laisseront pas berner) mais en allemagne, à 50 km au sud de stuttgart, dans le château hohenzollern. on s’amusera aussi de l’uniforme du policier, qui ressemble davantage à un uniforme allemand de la seconde guerre mondiale. un mot sur le titre. encore un film dont le titre français est… anglais, le titre original étant a cure for wellness (cure de bien-être, au québec). si le titre québecquois est très littéral, que c’en est presque dommage, le titre « français », lui, contient un double sens assez pertinent au regard du sujet. pour une fois, j’adhère.
alors allez! puisque je vous le dis…