crimson peak

crimson peak
réal. guillermo del toro, scénario guillermo del toro, matthew robbins, int. mia wasikowska, tom hiddleston, jessica chastain, charlie hunnam, jim beaver, burn gorman, leslie hope. 2015, 119′. 3,5 pouces

le synopsis
jeune romanicière en herbe, edith cushing (wasikowska) vit dans la bonne société de buffalo, dans l’état de new york, tiraillée entre deux prétendants. jusqu’à ce que sa route croise celle de…

… sir thomas sharpe (hiddleston), châtelain anglais venu en amérique tenter sa chance avec une machine de son invention…

l’avis
comme toujours, del toro nous gratifie d’un bon vieux récit, ici d’un amour impossible et de fantômes tourmentés, en l’instillant de tous les ingrédients de la littérature – et accessoirement du cinéma – gothique que développèrent notamment mary shelley (frankenstein), que le personnage d’edith cite comme référence, mais aussi jane austen (northanger abbey), edgar wallace (l’archer vert), horace walpole (le château d’otrante) et les soeurs brontë (charlotte: jane eyre; emily: les hauts de hurlevents; anne: la locataire de wildfell hall), pour ne citer que les plus connus: univers « colorés » à l’extrême, frayeur, nuit ou météo hostile à tous les moments importants, ces ingrédients, del toro les connaît par coeur et les met en images un peu « à l’ancienne », c’est-à-dire avec juste ce qu’il faut d’effets numériques pour les fantômes, mais en misant surtout sur de splendides décors grandeur nature (6 mois et 120 personnes tout de même pour construire entièrement la maison), de savants cadrages et d’effets sonores. un peu comme le fit coppola avant lui dans son bram stoker’s dracula (1992).

l’amérique et l’angleterre du début du (20e) siècle sont prétexte à traitement photo radicalement différents (et donc division du film en deux parties bien distinctes): or, sépia et teintes tabac pour les états-unis, pays de vie et de réussite, noir, bleu et rouge pour l’angleterre, ou plus exactement la maison, lieu de mort et de désespoir. atmosphères chargées et reconstitutions fastueuses: visuellement bluffant.

le cinéma de del toro est intelligent, horrifique quand il faut. la peur, il en connaît tous les ressorts et en use avec parcimonie mais efficacité. il saupoudre son récit d’une sorte de malédiction et y mêle un zeste d’histoire d’amour qui justifie et précipite à la fois la chute des personnages tourmentés-tourmenteurs. l’ambiance est parfaite, le froid et l’effroi sont au rendez-vous, bref, du cinéma comme on aime en voir. une seule petite surprise: si edith est si « ouverte » à l’au-delà, pourquoi ne voit-elle pas le fantôme de son père? ah, mais c’est qu’il lui aurait révélé le secret de son baronnet de mari et de sa soeur lucille (chastain).

il s’y connaît, ce bougre de del toro, en ingrédients gothiques, il suffit de jeter un oeil sur sa filmo – l’échine du diable (2001), blade 2 (2002), hellboy (2004), le labyrinthe de pan (2006), sa série the strain (2014, 2e saison en diffusion), et des projets comme the haunted mansion (2017), the witches, dr. jekyll & mr. hyde, et jusqu’à frankenstein, échelonnés jusqu’en 2020 et au-delà. le mexicain fou sait donc de quoi il parle, pour notre plus grand plaisir…

à voir pour le plaisir et pour le frisson…

 

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