réal. tim burton, scénario scott alexander, larry karaszewski, int. amy adams, christoph waltz, danny huston, terence stamp, krysten ritter, jason schwartzman. 2015, 107′. 3,5 pouces
le synopsis
dans les années 1950-60, walter keane connaît rapidement un succès mondial grâce à ses toiles représentant…
… des enfants tristes aux yeux immenses. en fait, walter keane est un imposteur qui s’attribue tout le mérite d’un art créé par son épouse margaret, laquelle épouse accepte de vivre dans l’ombre de son mari…
l’avis
c’est l’histoire vraie de l’une des plus grandes impostures artistiques du 20e siècle, échafaudée il est vrai avec la complicité soumise, frustrée mais silencieuse, de la véritable créatrice des tableaux. qu’est-ce qui a motivé cette femme à jouer ce jeu de dupes? timidité, éducation, peur? les trois, mon général. car l’époque était ainsi faite que les femmes se voyaient interdire le droit de travailler par des hommes qui, comme disait cyrano, montaient cueillir le baiser de la gloire en s’en arrogeant le monopole…
ce qui me plaît dans ce genre de récit, c’est de voir comment les scénaristes écrivent la mécanique de l’imposture, le rapport de force entre les deux protagonistes, l’enfermement dans un schéma dont l’un tire profit et l’autre, forcément, pâtit. s’il n’est pas son film le plus personnel, big eyes est pour tim burton l’occasion de renouer, après ed wood, avec le biopic. d’ailleurs, l’histoire de margaret keane ne pouvait être réalisée que par l’auteur de mars attacks!, qui possède une collection de ses oeuvres et a indéniablement été influencé par l’artiste (l’étrange noël de mister jack, noces funèbres…). porteur tout de même de l’inimitable patte du réalisateur hollywoodien le plus échevelé, le film ne laisse aucun moment de répit à l’intérêt du spectateur.
tous les personnages du film ont bel et bien existé: margaret keane vit toujours, à san francisco. âgée aujourd’hui de 88 ans, elle peint toujours et tous les jours; son ex-mari walter est mort quant à lui, amer et sans un sou, en 2000, en n’ayant jamais démordu qu’il était le véritable auteur des tableaux, malgré que la justice, à l’issue d’un procès retentissant, en eut attribué la maternité à margaret. seule deeann, l’amie de margaret, symbole d’émancipation féminine, a été inventée. ryan reynolds et reese witherspoon ont été remplacés par christoph waltz et amy adams, parfaits comme toujours. le film n’a coûté « que » 10 millions de dollars, soit 15 fois moins que dark shadows par exemple, obligeant le réalisateur à tourner en numérique plutôt qu’en 35 mm. big eyes a fait le plus mauvais démarrage de tous les films du réalisateur. mais il vaut largement la peine d’être vu…