le juge

le juge
réal. david dobkin, scénario bill schenk, bill dubuque, int. robert downey jr., robert duvall, vincent d’onofrio, vera farmiga, billy bob thornton. 2014, 141′. 4 pouces

le synopsis
brillant avocat de chicago, hank palmer (downey jr.) revient dans sa ville natale de carlinville, indiana, pour assister…

… aux obsèques de sa mère. il doit renouer avec sa famille, et notamment avec son père (duvall), magistrat respecté, avec qui il est en froid depuis longtemps. or, pendant son séjour qui devait être très court, son père est accusé de meurtre…

l’avis
film très beau et très subtil sur la complexité d’une relation père-fils. contrairement à un été à osage county ou à festen, le juge tourne délibérément le dos à la révélation brutale des causes d’un secret de famille et à une « non-solution », ou plutôt à un conflit irrémédiable et définitif comme réponse à ce secret.

ici l’angle choisi est donc plutôt celui de la recherche de solutions pour gérer le présent. si, à plusieurs reprises, l’issue semble irrémédiable – à travers des crises qui ponctuent le récit comme le feraient des actes de théâtre – le personnage de hank saisit malgré lui le « prétexte » de défendre son père pour rester (l’histoire sous-jacente). or ce séjour forcé, qu’il voulait court au départ, va lui permettre de montrer à son juge de père sa valeur en tant qu’avocat (et donc de gagner une confiance qu’il croyait inexistante), de mettre un point final à cette insupportable relation qu’il fuit depuis des années, mais aussi de mettre de l’ordre dans sa vie.

ce qui rend l’histoire intéressante et magnifiquement bien écrite, c’est que si elle implique nécessairement des confrontations assez violentes, elle contient aussi un amour sous-jacent qui fait, à mon avis, toute la différence. l’amour d’un père pour son fils, qui ne se révèle pas tout de suite, un amour incompris, maladroit, inexprimé, traduit dans une sévérité dont le fils ne comprendra les raisons qu’au terme d’un long et douloureux travail sur les lieux de son enfance, ces lieux où il redoutait de revenir.

ça fait du bien de voir downey jr. dans un autre rôle que celui d’un super-héros. même s’il garde les traits de son personnage de tony stark – égoïsme, arrogance, ego démesuré, succès insolent -, son interprétation de hank palmer, face à ce monstre sacré qu’est robert duvall, ne donne pas dans la surenchère. témoin, la séquence finale sur le lac. simple et pudique, à l’image du film. magnifique.

il n’est pas resté longtemps à l’affiche (en tout cas ici en suisse romande) et c’est bien dommage. car loin des productions américaines abrutissantes, le juge est un film lumineux à regarder séance tenante.

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