réal. & scénario ruben östlund, int. johannes bah kuhnke, lisa loven kongsli, clara wettergren, vincent wettergren, kristofer hivju, fanni metelius. 2014. 118′. 3 pouces
le synopsis
en vacances de neige en savoie, tranquillement assise à la terrasse d’un restaurant, une famille suédoise voit une avalanche se diriger droit sur elle. la catastrophe est…
… évitée mais l’attitude du père en la circonstance sème le doute au sein du couple, mais aussi des enfants…
l’avis
prendre ses jambes à son cou face à un danger ou rester pour porter secours, au péril de sa vie? personne, absolument personne ne peut dire comment il réagirait dans une situation d’urgence dramatique. difficile, donc, de juger le personnage du père qui abandonne sa famille, et le rôle protecteur que tout le monde attend naturellement de lui, face à cette avalanche qui s’arrête finalement avant le restaurant sans faire de victimes.
l’instinct de survie peut s’expliquer et, à la limite, se pardonner, car nous sommes tous plus ou moins à la même enseigne en la matière. ce qui est plus difficile à accepter, c’est le déni mordicus après coup. tomas (kuhnke) se sent tellement lâche que, pour pouvoir continuer à se regarder dans une glace, il va se fabriquer inconsciemment une histoire (qu’il est d’ailleurs incapable de raconter) à laquelle il va croire consciemment pour fuir cette fois la réalité accablante et insupportable de sa réaction instinctive. de la fabrication inconsciente à la croyance consciente de l’histoire, son équilibre personnel et la stabilité de son couple vont être mis à mal durant ces cinq jours passés à la montagne.
le parti pris de la mise en scène très épurée d’östlund – plans fixes et économie maximum de mouvements dans le cadre – accentue le malaise ainsi créé. quatre faits sont intéressants à relever: 1. l’épouse accepte, « pour la paix du ménage », de passer l’incident sous silence dans un premier temps, mais y revient parce qu’il lui est impossible de vivre avec ce poids (la femme, contrairement à l’homme, affronte l’insupportable); 2. la discussion qui se tient vers la fin entre l’épouse et le couple (fanni et mats (hivju), qui cherche à tomas des explications/excuses, tant sa lâcheté semble inconcevable) exclut du cadre (cinématographique) un mari de toute manière enfermé dans un mutisme prostré; 3. lorsqu’il reconnaît enfin ses « torts » (mais uniquement parce qu’une preuve irréfutable le pousse dans ses derniers retranchements. on peut donc se demander si, sans elle, il n’aurait pas perséveré dans le déni), le mari le fait à la troisième personne, prenant ainsi ses distances avec cet être abject qu’il refuse de reconnaître comme lui-même et qu’il va exclure de sa vie en se ressaisissant et en prouvant finalement à sa famille qu’elle peut compter sur lui; 4. personne n’étant parfait et chacun répondant à son instinct à sa manière, l’épouse est la première à sortir du car dans la séquence finale, rétablissant « l’équilibre des lâchetés », sans pour autant que cela pose un nouveau problème.
snow therapy est une plongée calme mais intéressante dans l’âme des animaux que nous sommes.