réal. & scénario dan gilroy, int. jake gyllenhaal, rene russo, riz ahmed, bill paxton, ann cusack, kevin rahm. 2014, 117′. 3,5 pouces
le synopsis
à la recherche d’un emploi, lou (gyllenhaal) réalise que des images choc pourraient lui rapporter beaucoup d’argent. il…
… achète du matériel, se branche sur la fréquence radio de la police et se rend sur des lieux d’accidents ou de scènes de crime. très vite, il se fait une réputation et vend ses images à prix d’or. mais la course au spectaculaire n’aura pas de limite…
l’avis
jusqu’où un paparazzo (ben oui, c’est singulier) peut-il aller pour décrocher un scoop et surtout se remplir les poches sur le dos des gens connus qu’il photographie, le plus souvent en violant leur intimité, et sous prétexte que ce sont des personnages publics? si la question est longue, la réponse tient en deux mots: très loin.
ici, le personnage que campe gyllenhaal, inquiétant à force de cynisme et d’immoralité, n’est pas un paparazzo de célébrités: il recherche des images de victimes anonymes. ainsi il va jusqu’à pénétrer dans une villa pour filmer les victimes d’un carnage qui vient de se produire (1er scoop) et dont il a filmé les coupables (sans livrer les images à la police), jusqu’à suivre lesdits coupables et rencarde ladite police pour être aux premières loges lors de l’arrestation des meurtriers (2e scoop), jusqu’à déplacer un accidenté de la route pour avoir un meilleur angle de prise de vue, et jusqu’à mettre en danger de mort son assistant, avec qui il vient d’avoir un différent, pour se débarrasser de lui. et tout ça sans le moindre remords, persuadé qu’il ne fait que son travail. et non content de flirter constamment avec l’illégalité, il fait chanter la directrice des programmes de la chaîne pour laquelle il travaille (russo) pour poser ses conditions et accessoirement la mettre dans son lit. comble de l’immoralité, il prospère et n’est pas inquiété par la police.
bon, ici, dramaturgie oblige, le personnage est épouvantable, mais il reste dieu merci, du moins on l’espère, un personnage de fiction, tant il transgresse la loi et reste insensible à la violence dont il est témoin.
parfait dans tous les rôles qu’il interprète, jake gyllenhaal (amaigri de 9 kg pour celui-ci) se tourne de plus en plus vers un cinéma plus cérébral, plus « adulte » (enemy, code source, prisoners…) et moins « divertissant » au sens blockbuster du terme (prince of persia) et c’est tant mieux. ce gars-là est vraiment bon.
le titre « français » night call est un nouvel exemple de cette démarche étrange qui consiste à traduire un titre anglais par un autre titre anglais. mais c’est la vie, comme on dit en anglais. l’appel de la nuit? appel nocturne? il est assez bien trouvé – le personnage passant à l’action après avoir écouté les échanges entre les différents intervenants sur un accident ou un crime -, mais je serais curieux de savoir ce que les francophones ont compris. une chose est sûre, ils auraient compris encore moins l’original nightcrawler (littéralement « celui qui roule lentement la nuit »).
quoi qu’il en soit, night call est une rélfexion intéressante sur l’argent et la moralité des moyens mis en oeuvre pour le gagner.