whiplash

whiplash
réal. & scénario damien chazelle, int. miles teller, j. k. simmons, paul reiser, melissa benoist, chris mulkey. 2014, 108′. 3,5 pouces

le synopsis
andrew (teller) a 19 ans et rêve de devenir le meilleur batteur de sa génération, à l’égal de buddy rich ou de jo jones. il intègre la meilleure école de musique du pays, le conservatoire shafer, dirigé par…

… l’impitoyable professeur fletcher (simmons). à force de travail et surmontant les humiliations, il va tenter de gravir un à un les échelons de l’excellence…

l’avis
si jo jones n’avait pas lancé une cymbale à la tête du jeune charlie parker pour lui faire comprendre de quitter la scène parce qu’il n’était pas à la hauteur, charlie parker ne serait sans doute jamais devenu l’un des meilleurs saxophonistes de jazz de tous les temps. pourquoi? parce qu’il était bon? sans doute en effet portait-il en lui un don. mais le don n’est rien sans un travail acharné. surmontant donc son humiliation, le jeune parker se mit au travail dès le lendemain et un an plus tard, remonta sur scène pour jouer le plus beau solo de sa carrière. que se serait-il passé si jo jones avait dit à parker « ce n’est pas grave, ça va aller, on reprend » ou « tu as fait du bon travail »?

terence fletcher a fait de cette anecdote son credo quotidien au conservatoire qu’il dirige et se bat contre ces deux mots – « bon travail » – qui gangrène à ses yeux la société d’aujourd’hui. au risque de passer pour un sadique aux yeux du monde extérieur. mais pour lui, l’excellence est à ce prix. aussi n’hésite-t-il pas à pousser ses étudiants aux limites du supportable, quitte à les humilier publiquement. il y a ceux qui craquent et abandonnent. et il y a ceux qui en veulent et qui s’accrochent, persuadés qu’ils sont faits pour ça.

récit d’une quête d’excellence, le film est donc construit autour d’un formidable duel entre terence fletcher le prof sadique et andrew neyman (à noter la proximité de ce patronyme avec le substantif allemand niemand qui signifie personne) placé sous le signe d’un conflit incessant dont seule la perfection sortira gagnante. ce qui donne lieu, évidemment, à quelques séquences d’anthologie entre les deux protagonistes et quelques séquences (surtout la finale) impressionnantes de maestria drummistique.

à ce propos, le générique ne dit pas si c’est bien l’acteur miles teller qui joue, tant la maîtrise du personnage est sidérante. en fait, bien que batteur depuis l’âge de 15 ans, teller (27 ans) a dû prendre jusqu’à quatre heures de cours par jour pour se perfectionner. il ne réalise « que » 70% des morceaux du film, le reste étant interprété par son professeur. le film est un brin autobiographique puisque le réal damien chazelle a lui-même été batteur pendant des années après des études au conservatoire. il se souvient de la peur qu’il éprouvait quand il montait sur scène: louper une mesure, ne pas être dans le tempo, et surtout peur de son chef d’orchestre. il a donc voulu retranscrire son expérience en réalisant un film sur le fil du rasoir qui ressemble à un film de gangsters, mais où l’instrument remplace l’arme et la salle de répétition la rue.

il y est parvenu haut la main et son film est un passionnant coup de fouet (whiplash, qui est aussi l’un des morceaux les plus difficiles à interpréter dans le film), tant du poing de vue taketik que du poing de vue tekenik.

électrisant, galvanisant, dynamisant et bien d’autres mots en -sant. à voir de toute urgence, évidasant, en vod ou dvd, le film, échappant à toute classification de type blockbuster décérébréérotico-scandaleux soft ou heroic-fantasy cucul, ayant tôt fait, en tout cas par chez nous, de disparaître des écrans…

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