lucy

lucy
réal. et scénario luc besson, int. scarlett johansson, morgan freeman, min-sik choi, amr waked. 2014, 89′. 2,5 pouces

le synopsis
une étudiante (johansson) que des malfrats coréens ont utilisée comme mule, reçoit une dose massive d’une nouvelle drogue extrêmement puissante. ses capacités cérébrales passent de…

… 10%, la moyenne de tout être humain, à 100%…

l’avis
comme d’habitude chez besson, un sujet passionnant et complexe en est réduit à une seule hypothèse de départ qui d’ailleurs n’est pas tout à fait juste. mais que voulez-vous, il faut bien plaire au plus grand nombre. en effet, le postulat du film veut que nous n’utilisions que 10% de notre cerveau. d’où la question: que se passerait-il s’il dépassait ses capacités pour passer de 10% (la moyenne utilisée, c’est la thèse du film, par tout être humain) à 100%? voilà donc le point de départ de cette histoire qui lorgne éhontément du côté de matrix.

or la réalité est un peu plus complexe que cela (mais comme elle est moins vendeuse, il a fallu la simplifier pour qu’elle soit accessible aux esprits simples). en fait, nous n’utilisons que 10% de nos capacités cérébrales pour accomplir une tâche précise. ce qui ne signifie pas que les 90% restants sont inutiles, voire inutilisés, bien au contraire. cela signifie simplement que nous n’utilisons jamais 100% de nos capacités cérébrales pour accomplir une même tâche. ce n’est pas du tout la même chose, mais c’est moins vendeur.

donc besson part d’un postulat plus simple pour donner à son film, discours pseudo-scientifique d’un côté, délivré par le professeur freeman himself, le coup d’envoi à ce qu’il aimerait bien être un blockbuster, gunfights et violence de l’autre. car de la violence et des gunfights, il y en a en veux-tu en voilà, puisque, toujours pour besson, devenir plus intelligent signifie (MDR) devenir plus froid, ne plus ressentir aucune émotion, voire aucune sensualité. comme si le cerveau n’était pas le siège de nos émotions, comme si intellect et émotivité étaient deux concepts totalement dissociables. du coup, lucy, qui était au début du film une fille normale (donc la peur au ventre et la larme facile), se met à manier les armes comme le fit jadis keanu reeves lorsqu’il revêtit, devant des millions de cinéphiles ébaubis, lunettes et manteau noirs, et prenait des poses au ralenti pour éviter les balles. l’intelligence, pour besson, c’est de pouvoir contrôler des méchants d’un geste de la main. et au fur et à mesure que ses capacités augmente – un textboard nous informant de l’augmentation du pourcentage -, elle emmagasine plus d’infos, se révélant capable de tout savoir et de tout comprendre, comme jadis l’ordinateur de tron avait vu ses facultés s’accroître de façon exponentielle, et se détache de toute humanité, jusqu’à pouvoir « voir » l’essence des choses (merci avatar) ou l’environnement des êtres à des milliers de kilomètres, jusqu’à pouvoir arrêter les méchants en les faisant léviter dans un couloir (reconnaissons qu’elle était plus drôle dans avengers – ou était-ce iron man?) – quand elle foutait toute seule la pâtée à une armée de vigiles, également dans un couloir), jusqu’à pouvoir « lire » les bandes passantes des téléphones portables apparaissant comme des lignes de code (merci matrix) sur le pare-brise d’une voiture (MDR) et dans lesquelles (re-MDR) elle navigue à la manière des images qu’on bidouille avec les doigts sur un téléphone portable ou une tablette. et quand elle arrive à 100% de ses capacités, devinez quoi (ATTENTION SPOILER!!!): elle disparaît, c’est-à-dire qu’elle quitte son enveloppe physique pour faire corps, si j’ose dire, avec les circuits électriques pour être partout. ça ne vous rappelle rien?

bref, lucy est une sorte de daube maquillée en film d’anticipation (on n’ira pas jusqu’à appeler cela de la science-fiction), un scénar de nanar torché vite fait sur un coin de table avec, pour marquer les esprits simples, un discours pseudo-scientifique sur l’évolution (ah je comprends maintenant, lucy est AUSSI le nom donné aux ossements les plus anciens appartenant à l’espèce australopithecus afarensis, et dont on a longtemps cru qu’il avait été à l’origine de la lignée humaine, en gros la première femme si l’on excepte eve qui, elle, allô!, n’a jamais existé), des effets numériques pour combler les vides et une actrice qui a le vent en poupe pour faire des entrées. et, comme il le fait depuis subway, une manie qui a pris de l’ampleur dans taxi, besson ne peut s’empêcher de se moquer des forces de l’ordre françaises. certes, il le fait ici de manière moins marquée (j’ai failli écrire plus subtile lol), mais c’est uniquement parce qu’une note humoristique aurait nui au côté « sérieux » de son « discours ». mais on sent que ça le démange car il ne veut pas s’aliéner toute une frange de son fidèle public en lui disant: « certes je  gagne beaucoup d’argent, mais je suis comme vous ».

en résumé, lucy, la fille sympa, devient une bitch froidissime parce qu’elle est devenue intelligente (quelle évolution depuis l’australopithèque!!). les femmes (sans parler des féministes) apprécieront ce discours beauf à 2 centimes d’euro et misogyne à la con. voilà ce qu’il faut, en gros, retenir de ce film. pour le reste, on l’a déjà vu. j’ai envie de dire: WTF!

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