transcendance

transcendance
réal. wally pfister, scénario jack paglen, int. johnny depp, rebecca hall, morgan freeman, paul bettany, cillian murphy, kate mara, clifton collins jr., cole hauser. 2014, 113′. 3,5 pouces

le synopsis
dans un futur proche, un groupe de scientifiques tentent de créer une machine dotée d’une conscience et d’une intelligence autonome. ils doivent faire face aux…

… attaques de terroristes anti-technologies qui voient dans ce projet une menace pour l’espèce humaine. lorsque will caster (depp) est assassiné, sa femme (hall) tente de transcender son esprit dans un ordinateur. connecté à internet, il devient omnipotent…

l’avis
je dois avouer que je ne savais rien ou presque de ce film avant d’aller le voir, attiré seulement par la présence de depp et une étiquette « science-fiction ». j’appellerais cela plutôt une fiction scientifique. le thème n’est pas nouveau et cette fiction n’est pas loin de rejoindre la réalité. les progrès de la neuroscience, de la nanotechnologie, et de la recherche cellulaire et robotique sont tels que la machine atteint un stade où elle pourra bientôt fusionner avec l’homme.

en fait, le film se fait le porte-parole, comme beaucoup avant lui, de questions qui hantent l’humanité depuis des décennies: pourquoi rechercher le progrès s’il nous fait si peur? pourquoi jouer avec le feu si on ne sait pas l’éteindre? pourquoi donner à des machines une conscience et une intelligence si nous tenons tant à notre indépendance? car, il ne faut pas se leurrer, l’intelligence d’un ordinateur croît à un rythme systématiquement exponentiel. l’ordinateur n’est pas capable de limiter ses capacités. ou, plus précisément, l’ordinateur a reçu de l’homme toute latitude pour augmenter ses capacités. ce qu’il fait sans aucun état d’âme puisqu’il n’a ni conscience ni âme (et donc ni scrupules ni remords). mondwest (1973), génération proteus (1977), tron (1982), blade runner (1982), l’homme bicentenaire (2000), i robot (2004), robocop (1987 et 2014), bien sûr, et dans une certaine mesure her (2014), pour ne citer que ceux-là, ont tous abordé l’impuissance des hommes face à des machines – ordinateurs ou androïdes – qu’ils avaient pourtant créées et qui, d’une manière ou d’une autre, se détournaient de, ou se retournaient contre, leur créateur. le cobaye (1992) est à ce titre un peu différent car il prenait le contre-pied de cette tendance en racontant l’histoire d’un homme simple qui devenait, au contact de la machine, super-intelligent.

transcendance aborde la théorie du transhumanisme, ou l’amélioration de l’homme par la cybernétique, à la mode dans les années 80 mais abordée dès les années 1950. loin de l’homme qui valait trois milliards, le film est cependant le premier à mettre en avant la virtualisation de l’esprit humain et non plus la montée en puissance d’une intelligence artificiellement créée. s’il s’agit du premier super-ordinateur de l’histoire, son cerveau est celui de son concepteur « transcendé » après sa mort, un « ordinhumain » doué d’une intelligence bien supérieure à celle de l’homme, capable d’accumuler des sommes de connaissances phénoménales, de créer et de faire progresser tous les domaines, dont la médecine, par la guérison systématique des maladies, et les technologies, par la mise au point des nano-particules. mais la toute-puissance de l’ordinateur « habité » par will est-elle compatible avec ce qui lui reste d’humanité?

toute médaille a un revers, toute avancée a sa part d’ombre… et cette toute-puissance, incontrôlable par définition, est terrifiante. autant l’homme est capable d’accomplir des miracles et de créer le merveilleux, autant le même homme, doté de pouvoir, prend conscience de sa puissance face à ses contemporains et devient un despote.

à part ça, le rythme du film est assez lent et le propos un peu déroutant (surtout si on n’a rien lu sur le sujet avant de visionner le film lol) mais la question mérite d’autant plus que l’on s’y arrête qu’elle risque bien de devenir, dans un avenir très proche, une réalité. l’homme cherche des solutions pour augmenter sa productivité (comme si on ne produisait pas déjà assez), pour déléguer les tâches ingrates ou dangereuses. une société américaine a même fabriqué des robots censés remplacer les soldats au front, avec tous les risques que cela entraînerait « d’erreurs collatérales » sur des civils, des enfants, etc. un comité d’éthique a remis tout le projet en question et c’est tant mieux. mais pour combien de temps? la robotique, la cybernétique, les nano-techonologies, l’intelligence artificielle… autant de fascinants – et terrifiants – terrains de découvertes et d’expérimentations qui vont envahir notre quotidien, avec notre approbation, à la fois enthousiaste et effrayée, de geeks à la noix.

transcendance est à voir pour les sujets passionnants qu’il aborde. ce qui n’en fait pas pour autant un film passionnant…

brèves de coulisses…
wally pfister, dont c’est le premier long-métrage en tant que réal, a été le chef op’ de pratiquement tous les longs-métrages de christopher nolan, de memento à inception.pas étonnant donc que ce dernier figure au générique en qualité de producteur exécutif. marrant d’ailleurs de voir aussi toutes ces têtes connues comme cillian murphy et morgan freeman (dark knight rises), clifton collins jr. (pacific rim) et cole hauser (pitch black). c’est la deuxième incursion de johnny depp dans la science-fiction, après intrusion (1999) où il partageait l’affiche avec charlize theron.

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