réal. jalil lespert, scénario jalil lespert, marie-pierre huster, jacques fieschi, int. pierre niney, guillaume gallienne, charlotte le bon, laura smet, marie de villepin, nikolai kinski, marianne basler. 2013, 106′. 3,5 pouces
le synopsis
la vie de l’un des plus grands couturiers du 20e siècle, de sa…
… nomination à la tête de la création de la maison dior, à la mort du couturier, à sa propre mort en 2008.
l’avis
biopic émouvant et intéressant, yves saint-laurent s’attarde plus sur les trente première années (57 à 80) que sur les trente dernières de la vie de ce créateur de génie. peinture de sa vie et de son oeuvre, mais aussi de sa sexualité et du mal-être permanent de celui qui vécut, malgré le succès, dans la conviction de n’être jamais à sa place ailleurs que devant une feuille de papier, à dessiner des robes.
le mal-être, qui se manifestait par une timidité quasi maladive, de cet enfant d’algérie découvrant très tôt son goût pour le dessin et la création de vêtements pour dames, en même temps que son homosexualité, et donc sa différence, et donc le regard des autres.
ce mal-être qui s’est traduit, le succès venant et l’époque aidant (ou pas), par une sorte de fuite en avant dans l’alcool, la drogue, puis la maladie.
rewind. yves henri donat mathieu-saint-laurent est très jeune, il apprend à composer avec le succès en même temps qu’il apprend à vivre. propulsé directeur artistique de la maison dior à 21 ans à peine (1957), quittera la maison de l’avenue montaigne pour créer la sienne quelques années plus tard avec pierre bergé,son compagnon rencontré un peu plus tôt. la suite, on la connaît. le couturier a un coup de génie en dessinant la robe mondrian, qu’il présente en 1965 et dont le prototype est réalisé par azzedina alaïa. la collection, dont l’histoire ne retiendra qu’un seul modèle, emblématique, rencontre un succès aussi immédiat qu’international. la collection suivante fait scandale, mais deviendra très vite un classique du vestiaire féminin: le smoking, revisité par le créateur. mais saint-laurent ne s’arrête pas là et crée l’année suivante un autre vêtement qui deviendra emblématique quasi instantanément, la saharienne, vêtement encore une fois masculin qu’il adapte et intègre dans sa collection africaine. il est le premier à faire défiler des mannequins d’origine asiatique et africaine. il crée aussi un prêt-à-porter de luxe sous le nom de rive gauche puis, au début des années 70, son premier parfum, opium.
le film montre tout cela sur fond de vie intime entre le couturier et son compagnon pierre bergé, qu’il fera souffrir, qu’il trompera souvent, qu’il méprisera parfois, mais qu’il aimera toute sa vie et ne quittera jamais.
tout dans ce film, récit, personnages, situations, lieux, collections, même les lunettes que portait le couturier, tout est authentique et a reçu l’aval de pierre bergé, enthousiasmé par le projet de jalil lespert, qui a déclaré qu’il n’aurait jamais fait ce film sans l’accord du compagnon de saint-laurent.
la ressemblance entre pierre niney et saint-laurent va au-delà du simple physique. les deux hommes ont connu très tôt le succès, l’un en entrant à la comédie-française à l’âge de 21 ans seulement et en écrivant sa première pièce, l’autre en prenant la tête de l’une des maisons de haute couture les plus prestigieuses du monde. niney s’est tellement approprié son personnage qu’à chaque fois qu’il entrait dans l’atelier du styliste pour tourner une scène, le chien du couturier venait se coucher à ses pieds, comme s’il avait reconnu son maître.
à voir, bien sûr.