capitaine phillips


réal. paul greengrass, scénario billy ray, d’après l’oeuvre de richard phillips, int. tom hanks, catherine keener, barkhad abdi. 2013, 134′. 3,5 pouces.

le synopsis
l’histoire vraie de l’attaque, par quatre pirates somaliens, d’un navire de la marine marchande américaine faisant route…

… vers mombasa en provenance de djibouti au large des côtes somaliennes.

l’avis
le film est adapté du livre (a captain’s duty: somali pirates, navy SEALs, and dangerous days at sea) du véritable capitaine richard phillips, qu’incarne ici tom hanks, relatant le calvaire que les quatre pirates, âgés de 17 à 19 ans à l’époque, leur ont infligé près de 4 jours durant (du 8 au 12 avril 2009), à lui et à son équipage, mais aussi, au passage, l’héroïsme dont le capitaine a fait preuve .

au niveau formel, le style hyper-réaliste du film est plutôt attendu: caméra à l’épaule et montage nerveux (qui change forcément de rythme dans la seconde partie) pour épouser l’action et créer l’immersion, c’est le cas de le dire, la plus efficace possible – n’oublions pas que greengrass a signé, entre autres, deux des trois jason bourne et green zone. le thriller est donc son terrain de prédilection. au-delà de cet aspect très contemporain, le réalisateur souhaitait évoquer le conflit qui oppose les riches et les pauvres, ceux qui ont le pouvoir et ceux qui aimeraient bien en récupérer quelques miettes. les pauvres devant bien sûr, pour se faire entendre, user de violence, et pas seulement verbale, et n’hésitant pas à tuer si nécessaire. cette prise d’otages – comme toutes les prises d’otages – met en avant la tentative d’inversion du rapport des forces en présence. en visionnant ce film, on est tenté de condamner les somaliens – dont les actes de piraterie, entraînant parfois des meurtres, sont condamnables, ne méprenez pas mes propos – mais ce serait oublier un peu vite que la piraterie somalienne est née à l’origine en réaction contre la surpêche étrangère, forçant les pêcheurs à détourner des bateaux et réclamer des rançons pour survivre. ça n’excuse rien, ça explique. aujourd’hui, par contre, c’est devenu un business très rentable, les pirates, en général très jeunes, n’étant que les derniers maillons d’une structure complexe contrôlée et financée par des criminels en afrique mais aussi en europe et en amérique.

le film est efficace car le réalisateur a tenu à conserver de bout en bout la véracité de son propos: tournage en pleine mer pendant 60 jours sur l’eau ou en espaces confinés, ce qui a obligé l’équipe à alléger le matériel, les couloirs et escaliers étant très étroits, et les comédiens à surmonter une certaine claustrophobie; bateau (le maersk alexander) en tous points similaire au navire original (le maersk alabama n’étant plus disponible pour le tournage); équipage de 22 marins de la marine marchande pour faire tourner le navire pendant le tournage et servir de consultant pour augmenter la crédibilité des scènes, notamment les réactions de l’équipage du film en situation de conflit; aucun contact entre les comédiens américano-somaliens et les comédiens interprétant l’équipage du navire afin d’augmenter l’authenticité des séquences de prise d’assaut.

capitaine phillips n’est pas un grand film mais un divertissement bien fichu qui fait un peu réfléchir. que demander de plus?

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