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réal. & scénario spike jonze, int. joaquin phoenix, scarlett johansson, amy adams, rooney mara, olivia wilde, chris pratt, matt letscher, portia doubleday, sam jaeger. 2014, 126′. 4 pouces.

le synopsis
dans un futur proche, theodore twombly (phoenix), un écrivain public high-tech, se remet difficilement de sa rupture avec catherine (mara). il fait l’acquisition, pour son ordinateur,…

… d’un système d’exploitation révolutionnaire car intelligent…

l’avis
très joli petit film sur une relation amoureuse « logique » dans un monde où l’homme s’est laissé envahir par une technologie « douce » sous prétexte qu’elle lui simplifie la vie mais l’isole chaque jour un peu plus de ses contemporains. l’homme en question est un être sensible et déboussolé dans une mégapole (los angeles) un brin déshumanisée – les gens se côtoient mais n’ont aucune interaction, si ce n’est avec leur oreillette. on s’y dirige tout droit, avec tous ces appareils de plus en plus connectés, qui sont pour l’instant des gadgets mais que nous transformerons un jour en objets « indispensables ». theodore, donc, est un écrivain public de son temps, c’est-à-dire qu’il écrit des lettres pour des tiers. quand je dis il « écrit », en fait il dicte à son ordinateur qui retranscrit ses mots à l’aide de polices de caractère manuscrites et en les mettant directement en page sous une forme personnalisée pour le destinataire. chacun reconnaît qu’il a du talent car ses lettres font toujours mouche. mais, pour doué qu’il soit sur le « papier », theodore ressent un vide immense dans sa vie depuis que sa femme et lui ont décidé de divorcer. c’est alors qu’il installe sur son ordinateur perso un nouvel OS à qui il assigne une voix féminine et un prénom: samantha (scarlett johansson). révolutionnaire, le système est non seulement capable de dialoguer avec son utilisateur mais également de s’adapter à lui grâce à des « émotions ». l’homme et la machine se découvrent et s’apprécient, au point d’éprouver des sentiments, au point d’aller jusqu’à un acte d’amour « physique », mais lui aussi solitaire, signe des temps, puisque samantha n’est qu’une voix dans une machine. et ce qui devait arriver arrive: les deux tombent amoureux.

le film repose entièrement sur les épaules de joaquin phoenix qui passe 95% du film seul à l’image, même s’il dialogue avec samantha. pari toujours risqué qui exige l’emploi d’un comédien de talent. l’histoire est touchante et d’autant plus crédible que l’univers dans lequel évoluent les personnages est implanté d’emblée. un joli film qui fait du bien, même si l’on ne peut s’empêcher de ressentir, en sortant de la projection, comme un sentiment de tristesse. comme si le film avait réussi à dépeindre un futur crédible pour l’humanité, loin de tout catastrophisme post-apocalyptique mais proche de ce que nous commençons à être déjà. d’une esthétique douce grâce à un étalonnage désaturé très sixties-seventies, une ambiance « futur rétro » (les années 30 avec un stylisme vintage – moustaches et pantalon taille (très) haute – combiné à une technologie discrète qui n’existe pas encore), ce film est de ces surprises qui marquent. à voir en v.o., bien sûr, pour la voix de scarlett…

brèves de coulisses…
le réal avait donné pour mission au chef décorateur de ne faire figurer aucune voiture à l’écran. ce dernier a donc imaginé de planter ses décors dans une ville de los angeles qui selon lui ressemblerait, dans le futur, à ce que l’on voit dans le film. et cette ville n’est autre que shanghai, et plus précisément le quartier des affaires de pudong, pour ses gratte-ciels, ses rues étroites et longues, et ses passerelles pour piétons reliant des bâtiments élégants. malgré une technologie omniprésente dans le film, très peu d’effets numériques et autres fonds verts ont été utilisés, à part quelques immeubles ajoutés, quelques panneaux publicitaires gommés et le jeu holographique auquel le personnage joue dans son salon (spike jonze prête d’ailleurs sa voix au petit personnage grossier du jeu), le réalisateur préférant ne tourner qu’en lumière naturelle et en décors réels. her est le 4e long-métrage de spike jonze après dans la peau de john malkovich (1999), adaptation (2002) et max et les maximonstres (2009), et le 1er dont il signe seul le scénario. le film a remporté le golden globe et l’oscar 2014 du meilleur scénario original et a valu à scarlett johansson un prix d’interprétation au 8e festival international du film de rome en 2013.

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