do not disturb

Do not disturb

réal. yvan attal, scénario yvan attal, olivier lecot, d'après le film de lynn shelton, int. yvan attal, françois cluzet, laetitia casta, asia argento, charlotte gainsbourg. 2012, 96'. 3,5 pouces.

le synopsis
deux vieux potes, qui se retrouvent après des années, font un soir le pari de créer une oeuvre d'art folle:…


… le premier film porno gay tourné par deux hétéros.

l'avis
ben (attal) et jeff (cluzet) ne se sont pas vus depuis les beaux-arts et ont pris chacun des chemins différents. ben est devenu urbaniste, il s'est marié et possède une maison. jeff est devenu un artiste aventurier. vingt ans plus tôt, ils s'étaient dit qu'ils feraient quelque chose d'artistique ensemble. et puis un soir, alors qu'ils viennent de se retrouver, monica (argento), la copine de jeff, mentionne un festival porno américain (hump) qui met en avant l'aspect arty des films et qui surtout brûle toutes les oeuvres à la fin du festival. du coup, l'idée de faire enfin quelque chose d'artistique prend l'allure d'un pari et les deux potes de décider de tourner un porno qui soit avant tout une "oeuvre d'art". seulement voilà, ce défi va se heurter à plusieurs questions: l'amitié virile, même ambiguë par moments, peut-elle se muer en quelque chose de sexuel? ces gestes que l'on peut avoir avec un bon pote (embrassades, bisous, etc.) peuvent-ils masquer autre chose que de l'amitié? des hétéros quadra mâles peuvent-ils se faire l'amour comme on se raconte une bonne blague? l'amitié et la baise entre potes, surtout masculins, et encore plus hétéros, est-elle compatible, même par défi, même au nom de "l'art"?

plus question de reculer, les deux potes se retrouvent dans une chambre d'hôtel. mais, on l'aura compris, les masques vont tomber et l'alibi artistique ne résistera pas longtemps. si la copine de jeff est ouvertement bisexuelle, vivant une relation très libre avec lui et lily (gainsbourg), il n'en va pas du tout de même pour jeff qui, malgré un esprit prétendument très libre, va se cogner contre ses propres préjugés. de son côté, ben avoue avoir eu il y a longtemps une sorte de phantasme homo à l'encontre d'un parfait inconnu. mais il se rend compte qu'il est farouchement hétérosexuel malgré qu'il prétende avoir une personnalité à plusieurs facettes (davantage pour justifier auprès de sa femme anna (casta) le défi qu'il entend relever avec jeff). la place de l'épouse de ben dans le "trio" pose également des questions: dans quelle mesure influence-t-elle la décision de son mari? la connaît-il aussi bien qu'il le croit? assume-t-il cette autre facette de sa personnalité aussi bien qu'elle assume sa propre vision de la sexualité?

la séquence de la nuit à l'hôtel est très drôle ("si je te montre mon truc, peut-être que…", "ah, on a oublié le coup de la fellation…") – cluzet est toujours hilarant avec une grande économie d'effets – et ne fera que confirmer la position, si j'ose dire, de chacun. total, on ne baise avec un copain, ou si on y arrive, c'est qu'il y a autre chose que de l'amitié, fût-elle virile.

très bon petit film avec un duo d'acteurs épatant, comme disent volontiers les bons critiques. à voir, évidemment.

brèves de coulisses…
do not disturb est le remake d'un film américain indépendant (humpday, lynn shelton, 2009), primé à deauville et à sundance, festival créé par robert redford, et qui a d'ailleurs lieu en ce moment. "on se croit libre et sans tabou et on réalise qu'on est loin du compte. surtout les hommes. j'ai l'impression que les femmes connaissent leurs désirs. pour elles, assumer leur sexualité n'est pas une remise en question de leur identité. pour les hommes, c'est plus compliqué", déclare attal. en plus d'avoir la double casquette de réalisateur et d'acteur, il s'est aussi vu confier la tâche d'adapter le scénario, travail pour lequel il a fait appel à un coscénariste (olivier lecot). do not disturb est sa 3ème réalisation.

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