réal. zack snyder, scénario david s. goyer, sur une idée de christopher nolan, d'après l'oeuvre de jerry siegel, int. henry cavill, amy adams, michael shannon, diane lane, kevin costner, russell crowe, ayelet zurer, antje traue, christopher meloni, lawrence fishburne 140'. 2013, 3,5 pouces.
le synopsis
envoyé sur terre par ses parents jor-el (crowe) et lara (zurer) avant la destruction de leur planète krypton, un petit garçon découvre dans un premier temps qu'il a…
… des pouvoirs surnaturels et, plus tard, qu'il a été envoyé là pour défendre l'humanité.
l'avis
bon, l'histoire on la connaît, on a tous vu le film de richard donner tourné en 1978 avec le regretté christopher reeve.
sauf qu'ici les auteurs se sont attardés au début du récit sur la planète krypton, lui donnant une réalité visuelle précise et fournissant une manière d'expliquer les pouvoirs de notre héros, puis sur la condamnation pour trahison du général zod (shannon) et de ses acolytes, et enfin sur la lutte, sur terre, du méchant (zod, donc) contre le gentil (kal-el, alias superman, alias clark kent). on en revient toujours au même thème. que ce soit dc comics ou marvel, toutes les histoires de super-héros tournent autour de cette sempiternelle lutte du bien contre le mal. difficile d'y échapper dans le grand spectacle cinématographique dicté aujourd'hui par hollywood. de même, sa présence sur terre et son identité, et surtout sa rencontre avec lois lane (adams), interviennent très tôt dans le film. ce n'est qu'à la fin, une fois que les bases auront été jetées, que les auteurs confronteront superman (mais il faudra attendre le deuxième volet, dont la sortie est prévue pour 2014, pour le voir) dans le quotidien (job de pigiste au daily planet, etc.). notons que la kryptonite, mais également lex luthor, le méchant de l'histoire, familier des fans du héros en collant (et dont l'apparition est aussi prévue pour un autre épisode), sont absents du récit.
c'est devenu une mode, un procédé, qui dit super-héros dit combats de titans, avec effets spéciaux spectaculaires à la clé (je te file une mandale, tu valdingues à travers 10 immeubles avant de t'arrêter et… de te relever), dont celui qu'on commence à voir partout maintenant et que j'appelle "l'effet star trek": le coup de zoom prétendument à la volée sur une action se déroulant dans un lieu gigantesque ou un vaisseau en mouvement. nouveau dans le premier star trek de j. j. abrams (qu'il a répété dans le deuxième volet), voilà que snyder le lui pique en s'en servant ici, notamment lors des batailles aériennes. même si c'est toujours aussi impressionnant, on ne peut s'empêcher de se dire qu'"on a déjà vu ça".
en même temps, tout ce bruit est-il vraiment nécessaire? il me semble qu'il y a 35 ans, donner parvenait à raconter une histoire intéressante sans avoir recours à cette surenchère dégueulante dont on perçoit tout de même les artifices, malgré leur bienfacture.
ce qui est un peu dommage, c'est que la forme prend le pas sur le fond. vous me direz what's new. l'enjeu cosmique qui se trame ici passerait presque en arrière-plan au profit de ce combat de super-coqs où deux gars se battent soi-disant au nom de la renaissance de sa race pour l'un, de la survie de l'humanité pour l'autre, mais en fait comparent leur bite en se foutant de formidables gnons dont un seul pourrait suffire à détruire une petite ville (smallville, dont on entr'aperçoit, au détour d'un plan de deux secondes, le panneau au sommet d'un édifice). d'autant plus surprenant que derrière tout ça, il y a un cinéaste qui a plutôt brillé avec sa version, son reboot devrais-je dire, de batman dans laquelle il a privilégié l'histoire, le personnage, ses démons et sa renaissance (même si l'action n'est pas absente): christopher nolan himself.
mais voilà, les sirènes du box-office sont décidément les plus fortes et la séduction du plus grand nombre (et donc des plus grosses recettes) fait loi à hollywood.
cela étant, les dames ne resteront pas insensibles au charisme de henry cavill, cet anglais de tout juste 30 ans qu'on avait remarqué, sans vraiment se souvenir de lui, dans les immortels, le raté ridicule de tarsem singh. ici, on peut vraiment dire qu'il est bien casté et qu'il honore parfaitement son contrat. et en plus, le costume-cravate-lunettes de la fin (quand il devient pigiste au daily planet) lui vont aussi comme un gant (salaud!). on remarquera le jeu de mots de lois lane qui, la poignée de main virile et le regard complice, l'accueillera d'un "welcome to the planet!".
au final, man of steel (on ne dira plus superman, c'est ringard, nolan étant à l'origine de l'appellation, comme il l'a fait
avec son dark knight) est un film pop corn qui se laisse regarder sans véritablement enthousiasmer.
brèves de coulisses…
la sortie de ce film coïncide avec le 75ème anniversaire de superman. cavill avait failli endosser le super-slip en 2001 quand mcg était pressenti pour reprendre le projet en main, mais c'est finalement à brandon routh (qui est retourné dans l'oubli dans nos contrées) qui avait décroché le rôle avec bryan singer à la barre (superman returns, 2006). bryan singer et brandon routh qui ont
d'ailleurs longtemps espéré (et fait savoir) leur souhait de donner une suite à leur film,
mais la warner en a décidé autrement. pas sympa les gars. cavill est le premier non-américain à endosser la super-cape. bon, pour être précis, un anglais l'avait plus ou moins précédé: lee quigley, en 1978, dans le rôle de kal-el bébé. "l'acteur" n'avait que 7 mois quand il fut choisi pour le rôle. malheureusement, quigley est mort en 1991 à l'âge de 14 ans après avoir inhalé des solvants. anne hathaway, kristen stewart, nathalie portman, mila kunis, olivia wilde et jessica beal, entre autres, étaient pressenties pour le rôle de lois lane. julianne moore et sela ward pour celui de martha kent. la musculature (assez impressionnante) de cavill est le fruit de plusieurs mois de travail intensif. il l'a reforgée après avoir amoindri son physique athlétique pour son rôle dans sans issue (el mechri, 2012), chose qu'il a déclaré ne plus vouloir faire. le costume du héros a été remodelé avec une couleur plus métallisée au lieu du traditionnel slip rouge sur collants bleus. et non, le "s" ne signifie pas superman mais "espoir" en kryptonien (vous ne le saviez pas? moi non plus). la warner a d'ores et déjà annoncé que si man of steel remportait le succès escompté, elle pourrait mettre en chantier un film sur la ligue des justiciers, réunissant superman, batman, wonderwoman et flash, pour concurrencer les avengers de marvel. la musique de john williams (la marche de superman) n'a pas été reprise dans le reboot, et c'est hans zimmer, collaborateur de longue date de christopher nolan, qui a signé celle de cette opus.