réal. frédéric beigbeder, d'après son roman (1997), int. gaspard proust, louise bourgoin, joeystarr, jonathan lambert, frédérique bel, nicolas bedos, valérie lemercier. 2012, 98'. 3 pouces.
le synopsis
critique littéraire (le jour), doublé d'un chroniqueur mondain (la nuit), marc marronnier (proust) vient de divorcer, après trois ans de mariage. persuadé à présent que…
… l'amour ne dure que trois ans, il écrit même un livre dans le but de le démontrer. mais sa rencontre avec alice (bourgoin), la femme d'un de ses cousins, va bouleverser ses certitudes cyniques et désabusées.
l'avis
j'avoue, je n'avais pas envie de voir ce film, persuadé qu'il s'inscrivait dans la lignée des oeuvres autosuffisantes et autocongratulatoires (beigbeder n'en est pas à son coup d'essai dans ce domaine) de ce mec qui raconte des trucs qui ne touchent que lui et une certaine intelligentsia autoproclamée se prenant pour le centre d'un tout petit microcosme parisiano-parisien. en plus, je n'aime pas particulièrement gaspard proust et son attitude de cocker dépressif et cynique me fait sourire une fois sur deux. en fait, à bien y réfléchir, c'est moins l'humour que le personnage qui me déplaît.
je pense que vous aurez compris à ce stade que j'ai regardé ce film avec un état d'esprit que je qualifierais d'à reculons.
mais, comme ma curiosité et mon ouverture d'esprit l'emportent toujours sur ma lucidité et mon pessimisme j'en conviens parfois injustifié, et qu'il n'y a que les imbéciles pour ne pas changer d'avis, je vais rester en mode confession: j'ai été agréablement déçu.
donc c'est l'histoire relativement banale (et pas mal autobiographique) – qui reflétait par ailleurs mon état d'esprit en l'occurrence, à savoir le gars qui change d'avis après avoir eu des certitudes lol -, d'un gars qui ne croit plus en l'amour, ou plutôt qui trouve que l'amour, c'est dur (sans savoir que c'est juste parce qu'il est con, handicapé des sentiments, cynique et sûr d'avoir raison).
une histoire (et un personnage) qui touche finalement pas mal de monde et qui est servie par des dialogues qui veulent faire mouche (on sent le gars qui était rédac dans la pub avant d'écrire des bouquins) et un proust moins dépressif que d'habitude ("il y a dans ce que gaspard écrit une cruauté, une élégance, une drôlerie froide qui m'ont touché et fait sentir qu'il y avait un romantique derrière ce nihiliste officiel", a déclaré le réal pour justifier le choix de l'humoriste pour l'incarner à l'écran). assez bonne surprise, donc.
bourgoin, quant à elle, fait la fille "fragile mais pleine de vie", rôle qu'elle tient depuis ses trois ou quatre derniers films (la fille de monaco, adèle blanc-sec, un heureux événement). au fond, bourgoin est au cinéma ce que la techno est à la musique. même si on change de morceau, on a l'impression que c'est toujours le même. bon, soyons juste: c'est comme ça pour plein d'acteurs, et des bien moins talentueux qu'elle. en plus, elle est loin d'être désagréable à regarder (et ses rôles mettent toujours en valeur sa jolie plastique) et, même si elle n'est pas une grande comédienne – disons pour être gentleman qu'on ne lui a pas encore confié le rôle de sa vie -, son jeu n'est pas non plus insupportable et qu'on décèle à chacun de ses films une richesse hélas inexploitée.
un élément apparaît dans le film qui ne figurait pas dans le roman: le roman lui-même, que marc marronnier écrit et qui est à l'origine de sa dispute avec alice. une habile mise en abyme qui permet à l'auteur de se livrer à une petite réflexion sur l'écriture et le métier d'écrivain. à noter également tout d'abord l'hommage à michel legrand, avec une chanson servant de fil conducteur à l'histoire, mais également son utilisation dans deux séquences très différentes qui ont permis à l'auteur de provoquer chez le spectateur des émotions radicalement opposées.
cela étant, si vous n'avez pas lu le livre, regardez-en l'adaptation cinéma. ou vice-versa. vous serez, au choix, et suivant votre état d'esprit, à moitié déçu ou à moitié satisfait.