réal. frank khalfoun, scénario alexandre aja et grégory levasseur, int. elijah wood, nora arnezeder, america olivo, megan duffy, jan broberg felt. 2012, 89'. 2,5 pouces.
le synopsis
frank (wood), timide propriétaire d'une vieille boutique de mannequins, a un petit problème dans la vie:…
… il tue des femmes en les scalpant.
l'avis
bon, j'avais vu l'original, de william lustig (marrant de s'appeler "lustig" quand on fait des films d'horreur; le loustic en question est par ailleurs producteur de cette version) en 1980, avec joe spinell, cette gueule du cinéma ricain (ancêtre de danny trejo) qui est, pour les mordus du genre, ce qu'on appele aujourd'hui, pour un peu n'importe quoi d'ailleurs, un film culte.
à cette époque, les tueurs en série n'étaient pas encore légion sur grand (ni sur petit, faut dire) écran et je m'avalais des films d'horreur par dizaines. tout ce qui me passait sous la main, je le regardais. de temps à autre, je tombais sur une perle, le film qui marque par la nouveauté ou l'originalité de son idée de base et le talent du réalisateur à en faire quelque chose de mémorable. et force est de reconnaître qu'il y en avait assez peu à mériter de figurer dans mon palmarès sélectif de films transcendant l'objectif un peu simpliste – et à la portée de n'importe quel babouin – de juste foutre les miquettes.
ainsi quelques-uns ont marqué mes esprits (pour les vôtres, je ne me prononcerais pas): le très flippant, parce que totalement nouveau pour l'époque, night of the living dead (l'original de romero, 68), le choquant the exorcist (friedkin, 73), le franchement dégueulasse texas chainsaw massacre (hooper, 74), le stressant halloween (carpenter, 78), le très familial creepshow (romero et les autres, 82), l'hystérique the evil dead (raimi, 82), le fabuleux nightmare on elm street (craven, 84), le très drôle return of the living dead (o'bannon, 84), le génialissime hellraiser (barker, 87) ou le bien gore blob (la version de russell, 88), sans oublier, plus proche de nous, les 30 dernières secondes du blair witch project (sanchez, 99) et le plutôt malin paranormal activity (peli, 09).
bref, tout ça pour vous dire que maniac version 1980 ne faisait déjà pas partie de mon palmarès parce qu'un peu trop gratuit à mon goût, et que maniac version 2012 en fera encore moins partie. là où l'original n'avait d'intérêt que parce qu'il ne cherchait pas à expliquer, le remake rend bêtement psychologique cette histoire d'un ptit gars traumatisé par une mère qui s'ébattait sans honte devant lui qui tente de conserver son souvenir intact en scalpant (les cheveux sont la seule partie du corps qui ne meurt jamais) les femmes qui cherchent à le séduire (des prostituées à ses yeux) tout en se vengeant d'elle pour avoir fait de lui ce qu'il est (un psychopathe gravement schlagué du galetas). que voulez-vous, signe des temps, les gens ont aujourd'hui sans doute plus besoin qu'avant qu'on leur mâche le boulot pour le leur servir tout cuit sur un plateau.
on ne le dira jamais assez, un remake devrait avoir pour objectif de dépasser son modèle. une fois sur deux, si ce n'est deux sur trois, il n'en est rien. alors bien sûr, la violence graphique, avec moults détails et bruitages glauques, atteint un paroxysme qui surpasse l'original. mais c'est l'époque qui veut ça. aujourd'hui, on est tellement blasé qu'on a besoin de toujours plus d'effets pour être impressionné. mais ce que le film n'atteint pas, c'est l'intensité dramatique du film de william lustig qui visait à renouveler ou bouleverser les conventions du genre.
et ce ne sont pas quelques clins d'oeil, comme la scène du reflet – le tueur aperçoit son reflet sur la portière d'une voiture, un scalp à la main, la caméra ne cadrant pas son visage – qui reprend l'affiche du film original, qui y changeront quoi que ce soit. aja, le petit frenchie d'hollywood, qui signe le scénario avec son compère levasseur, est décidément, à quelques exceptions près, un habitué de la resucée. il semble en avoir fait sa marque de fabrique. c'est ce qui s'appelle se bâtir un nom et une sorte de carrière en ne créant rien.
saluons tout de même elijah wood, ex-hobbit et seule "star" du casting, pour l'éclectisme de ses choix de carrière et dont la seule présence est ici, par conséquent, courageuse.
en résumé, si vous aimez les films d'horreur et que vous n'avez pas d'expérience en la matière, allez-y, celui-ci vous fera marrer. si vous aimez les films d'horreur et que vous avez de l'expérience, n'y allez pas, vous serez déçu. alors si vous êtes fan de l'original, n'en parlons même pas…