réal. maïwenn, int. karin viard, joeystarr, marina foïs, nicolas duvauchelle, emmanuelle bercot, wladimir yordanoff, karole rocher, frédéric pierrot, maïwenn. 2012, 127'. 3,5 pouces.
le synopsis
entre interrogatoires de parents maltraitants et gardes à vue de pédophiles, le quotidien de la brigade de protection des mineurs à paris…
l'avis
ce film est fort, principalement (et à mon humble avis) pour trois raisons: 1) parce qu'il est dans la sincérité, la réalisatrice ne cherchant pas à séduire le plus grand nombre par des artifices, 2) parce qu'il est dans l'émotion, plus exactement dans les tripes, son "habillage" docu-fiction (mais pas caméra à l'épaule, ce que je redoutais), avec son cortège de situations parfois extrêmes, en renforçant l'intensité, sans chichi, et 3) parce qu'il est autant dans la forme que dans le fond, explorant, au-delà du récit de gardes à vue parfois pénibles, les relations parfois complexes entre des personnages fouillés, qui ont tous, soit dit en passant, bénéficié d'une bible écrite, donc d'une caractérisation, d'un passé, d'un présent, de joies, de failles, de fêlures et de drames. drames dont la violence parfois exacerbée n'a rien à envier à celle à laquelle ces personnages sont confrontés – parfois même pire car elle les touche personnellement – et qui aboutissent parfois à l'irréparable.
bref du cinéma comme on l'aime, c'est-à-dire coup de poing dans la gueule. bon, je suis très loin d'être fan de joeystarr (qui était le compagnon de la réalisatrice au moment du tournage), mais je dois à l'honnêteté d'avouer qu'il est assez surprenant dans son rôle de flic exaspéré par les lenteurs administratives mais surtout par la folie (connerie) des hommes. surprenant et je dois dire très convaincant à la fois parce que brut de pomme, tant dans la colère que dans la tendresse (la séquence avec le petit africain est bouleversante).
malgré sa "fraîcheur" (quel paradoxe de dire ça, vu la noirceur du sujet!), le film n'a pas obtenu autant de récompenses que les nombreuses nominations dont il bénéficiait le laissaient prévoir: le prix du jury à cannes et deux césar (meilleur espoir féminin et meilleur montage, sur 10 nominations). sans doute mademoiselle maïwenn le besco n'a-t-elle pas réussi à faire l'unanimité autour de sa rebelle personne au sein d'une académie bien pensante. ou sans doute son film n'était-il pas assez "dans l'air du temps" aux yeux d'un jury, notamment cannois, acquis à d'autres causes moins "dérangeantes" mais aussi plus ennuyeuses, selon l'avis quasi unanime de la critique… sans doute un peu des deux.
quoi qu'il en soit, polisse dérange parce qu'il montre le quotidien et qu'on ne va pas forcément au cinéma pour mettre (de nouveau) le nez dedans. le générique prévient: "inspiré de faits réels". mais combien de fois se prend-on à douter de la vraisemblance de certaines scènes, tout en étant convaincu qu'elles se situent sûrement en-deçà de la réalité? paradoxe, encore une fois, quand tu nous tiens…
côté comédiens, rien à dire. impressionnants et crédibles malgré le fait qu'on les connaît à peu près tous. on peut se demander si le film eût été plus impactant si la réalisatrice avait fait jouer des inconnus… sans doute aurait-il gagné en "docu" ce qu'il aurait perdu en "fiction". maïwenn voulait-elle aller jusque-là? pas sûr, la présence de comédiens connus et "poussés dans leur retranchement" (v. les quelques scènes de pétage de plomb) assurant toujours à un film une caution rassurante et promettant d'aviver la curiosité du spectateur… il arrive que l'on soit déçu. ce n'est pas le cas ici, et même si on "reconnaît" bien karin viard ou marina foïs, notamment, on les découvre dans un registre un peu nuancé…
à voir, bien sûr.