réal. ridley scott, scénario damon lindelof, jon spaihts, ridley scott, int. michael fassbender, charlize theron, noomi rapace, idris elba, guy pearce, patrick wilson, rafe spall, logan marshall-green. 2012, 123'. 3,5 pouces.
le synopsis
des chercheurs découvrent que certaines civilisations anciennes avaient toutes, dans leur représentation du ciel, ce qui pourrait bien être…
… une invitation laissée aux hommes par les créateurs de l'humanité. une expédition se monte qui va tenter de remonter aux origines de l'homme…
l'avis
un conseil en préambule: n'allez pas voir ce film en pensant découvrir un "prequel" de la saga alien. car prometheus n'est pas un énième bébête-show de l'espace. ridley scott et ses scénaristes s'attaquent au défi d'expliquer les origines de l'humanité, pas celles des xénomorphes, ces créatures agressives qui peuplent notre imaginaire fantastique depuis 1979. bien sûr, la race extraterrestre censée nous avoir créée fut elle-même confrontée à des bestioles hostiles qui la décimèrent, mais là n'est pas le sujet du film.
en fait, assistant à la destruction progressive du mythe qu'il a créé ("le film de jeunet m'a bien fait rire") et après d'innombrables tentatives de scénarios pour relancer la saga, scott constate en outre que personne n'a cru bon de répondre à la seule question intéressante de son premier film – qui est donc le "space jockey" (la créature énorme trouvée dans le vaisseau abandonné sur une planète hostile et fossilisée sur son télescope)? comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même, il décide d'y répondre lui-même. bonne idée, tant il est vrai que personne ne s'y était attelé, préférant, box office oblige, éluder la question pour développer l'aspect space horror du sujet avec des bébêtes qui fleurent bon le filon.
et scott de partir donc sur les origines de ce personnage plutôt que sur la cause de sa mort (rappelez-vous, il avait été victime d'un "chestbuster", à savoir une créature au stade infantile, si l'on peut dire, implantée par une sorte de limule bien dégueu – le "face-hugger" – et qui ne trouve rien de mieux pour venir au monde que de défoncer de l'intérieur le thorax de son porteur). bien sûr, et je pense pour ne pas décevoir ses fans, le réalisateur parsème son film d'apparitions de bestioles – tantôt embryonnaires, tantôt développées, tantôt liquide visqueux, tantôt pieuvre – mais qui n'ont jamais (sauf peut-être la toute dernière) l'apparence des aliens que l'on connaît. mais rien, quant à l'origine des xénomorphes, n'est expliqué.
car les événements de prometheus se déroulent 37 ans avant ceux d'alien le 8ème passager. mais, me direz-vous, si c'est le cas, où sont les oeufs que découvre l'équipe du nostromo (et qui la mèneront à sa perte)? en voulant "moderniser" son propos et s'écarter du thème original (ou l'enrichir, c'est selon), scott aurait-il perdu de la cohérence en route? en fait, et il faut super-bien connaître la saga pour s'en rendre compte, le prometheus se pose sur lv-233, tandis que ripley découvrait lv-426. et prometheus est le premier épisode d'une trilogie que scott espère démarrer et qui précéderait alien le 8ème passager.
le thème développé ici est donc bien plus intéressant et intelligent qu'une "simple" fantaisie horrifique dans l'espace. il s'appuie sur une théorie selon laquelle les hommes seraient les descendants d'une race extraterrestre qui les auraient aidé à construire des édifices comme les pyramides d'égypte. pourquoi pas.
le nom de prométhée (le vaisseau et l'expédition) n'est évidemment pas anodin. dans la mythologie grecque, prométhée est un titan connu pour avoir créé l'homme à partir d'argile et d'eau, mais aussi pour le vol du savoir divin (le feu sacré) qu'il confie aux humains. zeus le condamne pour l'éternité à être enchaîné au mont caucase et à se faire dévorer le foie par un aigle. cette histoire reflète la thématique du rapport de force entre l'homme et les dieux, entre le créateur et l'objet créé qui, tôt ou tard, aspire à l'indépendance, au risque de provoquer le courroux dudit dieu. ce qui expliquerait pourquoi cette race disparue, censée avoir créé l'être humain, voulait le détruire en débarquant sur terre… certes, mais qu'est-ce que c'est que cette séquence d'ouverture près de la cascade? que signifie-t-elle par rapport au reste du film? que signifie-t-elle tout court? quelqu'un peut me dire?
ici, et contrairement à certains films (au hasard men in black 3), la 3d – une première pour le réalisateur – se justifie pleinement, les effets, notamment holographiques, étant de toute beauté.
prometheus est un film à voir en priorité, pour le retour de ridley scott au genre qui a fait sa renommée, pour le renouvellement du mythe et pour le démarrage d'une nouvelle trilogie (prions pour que le box office – qui s'était essoufflé dès le 3ème opus de la saga jusqu'à l'épuisement avec alien vs. predator: requiem – justifie la mise en chantier des suites).
brèves de coulisses…
le tournage s'est déroulé dans les gigantesques studios de pinewood, à l'ouest du grand londres (pas loin de heathrow), dès août 2010, et a duré 15 semaines. des studios réputés pour accueillir des tournages de blockbusters, comme celui de la saga des james bond ou, plus récemment, celui du hobbit, de peter jackson. les scènes extérieures ont été tournées dans le sud de l'islande, dans la région volcanique du mont hekla et des chutes dettifoss (pour la séquence d'ouverture). pour donner une idée de la taille des décors, elle équivaut, dit-on, à celle de l'empire state building.
toute la chronologie de la saga se déroule sur 5300 ans, de 2896 avant notre ère, époque où les humains ont les premiers contacts avec des extraterrestres qui leur enseignent à construire des pyramides et à chasser les xénomorphes (alien vs. predator, paul w. s. anderson, 2004), à 2381 où tout se termine (alien, la résurrection, jean-pierre jeunet, 1997), en passant par 2085-91, époque de prometheus.
le nom des androïdes de la saga répond à une logique d'ordre alphabétique: ainsi dans alien le 8ème passager (scott), il s'appelait ash (ian holm), dans aliens le retour et alien 3 (cameron et fincher), bishop (lance henriksen), dans alien, la résurrection (jeunet), call (winona ryder) et enfin dans le cinquième (scott), david (michael fassbender).
casting 4 étoiles, comme on dit, puisque des acteurs confirmés comme guy pearce (qu'on peine à reconnaître derrière le maquillage du vieillard milliardaire peter weyland, commanditaire de l'expédition) ou charlize theron dans celui de meredith vickers, parfaite bitch sophistiquée chargée de mener l'expédition à bien, côtoient les révélations de ces deux dernières années: noomi rapace (millenium, 2010, sherlock holmes, jeu d'ombres, 2012), michael fassbender (x-men les origines, 2011, shame, 2011, a dangerous method, 2011) et idris elba (thor, 2011, luther, 2010-2011).