margin call

Margin call

réal. g. c. chandor, int. jeremy irons, kevin spacey, paul bettany, zachary quinto, demi moore, simon baker, stanley tucci, aasif mandvi. 2011, 107'. 3 pouces.

le synopsis
la débâcle, en une nuit, d'une banque d'investissement multinationale…


l'avis
le film s'appuie, sans le dire, sur la faillite de lehman brothers investments le 15 septembre 2008 (pour une fois qu'un film ne se vante pas d'être "inspiré de faits réels"). le seul clin d'oeil à la réalité se trouve dans le nom du grand patron (qui n'apparaît que dans la seconde moitié du film): john tuld (irons) alors que le vrai patron s'appelle richard s. fuld.

ce qui surprend ici, c'est que, contrairement à l'habitude – la corbeille, le bruit et la fureur, les traders surexcités, vivre à 100 à l'heure, la coke, tout ça -, tout se passe dans un calme quasi absolu. les licenciements économiques immédiats (et néanmoins très violents) se font dans un silence assourdissants, la nouvelle de la faillite annoncée ne provoque que des haussements de sourcils, la réunion au sommet où se joue l'avenir de la société se déroule sans le moindre haussement de ton. et j'exagère à peine.

margin call s'inscrit donc en faux contre l'écrasante majorité des films sur la haute finance, wall street en tête. il s'intéresse moins aux causes de ce séisme, que des pans entiers de dialogues s'échinent curieusement à ne pas révéler, qu'à la réaction des dirigeants et aux conséquences de leurs décisions. mais le film n'est pas moins, loin s'en faut, lucide sur ce qu'on pourrait appeler les atrocités du capitalisme dont il dénonce avec désillusion l'absence totale d'empathie, voire d'humanité. la liquidation de la société – et le discours final de tuld, tranquillement attablé devant un copieux petit-déjeuner – en fournit un exemple effrayant. caricatural? j'aimerais tellement pouvoir dire oui.

ne vous fiez pas à sa tonalité générale, et contrairement à l'intention du réalisateur qui, pour son premier long-métrage (nommé aux oscars dans la catégorie meilleur scénario original), n'était pas de diaboliser une profession, ce film est un hurlant plaidoyer contre les dérives de l'argent à tout prix et les dangers d'un pouvoir concentré dans quelques paires de mains. le hic, c'est que personne n'entend. ou, pire, que tout le monde a déjà oublié… jusqu'à la prochaine crise.

intéressant. à voir.

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