réal. éric toledano, olivier nakache, d'après l'oeuvre de philippe pozzo di borgo, int. françois cluzet, omar sy, anne le ny, audrey fleurot, clotilde mollet. 2011, 112'. 3,5 pouces.
le synopsis
un riche aristocrate (cluzet) reste…
… tétraplégique après un accident de parapente. il engage la personne la moins adaptée comme aide à domicile: un jeune de banlieue (sy) tout juste sorti de prison. leur rencontre va pourtant faire des étincelles…
l'avis
vous allez me dire que j'arrive un peu tard avec cet article, vu que je devais, jusqu'à hier, compter parmi les deux ou trois personnes dans toute la francophonie à ne pas (encore) avoir vu ce film. esprit de contradiction, quand tu nous tiens. mais comme je souhaite, si c'était possible, mourir pas trop idiot (je sais, ya du boulot), je me suis dit qu'il faudrait un jour que je le voie, poil au doigt. cela dit, faut pas déconner, fidèle à moi-même, j'ai voulu le visionner dans d'excellentes conditions, c'est-à-dire sans les coups de pieds dans le dossier ni les sans-gêne que ça ne gêne absolument pas de gêner tout le monde avec l'écran allumé de leur téléphone pour consulter leurs très passionnants sms (genre "eh manu, eh vas-y t'es où?") ni les discussions même pas à voix basse. je l'ai donc loué sur l'apple store, l'ai téléchargé sur mon ipad que j'ai connecté à mon téléviseur full hd. j'en conviens, ça fait mec snob qui s'la pète grave, MAIS VOUS SAVEZ CE QU'IL VOUS DIT, LE MEC EN QUESTION? donc, j'ai fini par le voir, ce film, m'ajoutant de mon plein gré à la cohorte pas toujours populacière d'extasiés sans ecstasy…
la première chose qui m'ait frappé, c'est l'intelligence du point de vue adopté: le handicap. physique pour philippe, social pour driss. bien sûr, la morale de tout ça est qu'il est bon de surmonter les différences, qu'elles soient raciales ou autres d'ailleurs (l'histoire entre philippe et éléonor), mais le sujet est abordé avec beaucoup de subtilité, loin d'un quelconque pathos ou d'une quelconque pitié.
c'est donc davantage un discours sur la complémentarité (l'union de deux différences), sur l'amitié de deux "laissés-pour-compte" (parce qu'ils ne correspondent pas ou plus aux normes) qui s'appuient l'un sur l'autre pour avancer, sur l'alchimie entre deux êtres que tout oppose, qui rend ce film universel et beau. discours saupoudré d'une bonne humeur communicative et d'un ton anti-prise de tête réjouissant. et la personnalité des interprètes fait le reste, c'est-à-dire en fait 80% du boulot. en gros, le rayonnement d'omar sy (et ses quelques vannes bien senties) et l'expressivité de françois cluzet (dans ce rôle immobile, et donc particulièrement exigeant) sont pour beaucoup dans la réussite de cette mayonnaise.
"inspiré de faits réels"…
généralement les producteurs ajoutent, que ce soit vrai ou pas, la mention "inspiré de faits réels" pour faire dans le sensationnel, augmenter l'audience et habiller une daube d'une robe un peu acceptable. le hic, c'est que la mention est aujourd'hui totalement galvaudée et donc vide de sens. ici elle n'est de très loin pas usurpée car le scénario repose sur le livre du véritable philippe pozzo di borgo. publié en 2001 sous le titre le second souffle, il contient un chapitre sur son auxiliaire de vie abdel yasmin sellou. en 2011, le livre est réédité et s'accompagne cette fois d'un second volume entièrement consacré à abdel. il a écrit la préface du livre d'abdel sellou (tu as changé ma vie) à paraître cette année, si ce n'est déjà fait. avant le début du tournage, françois cluzet a d'ailleurs rencontré pozzo di borgo pour s'imprégner de sa façon de bouger, de respirer, de parler, qui a également donné de précieux conseils sur le ton qu'il souhaitait voir dans le film. si la rencontre a bouleversé l'acteur, selon ses propres dires, le film, lui, touche par sa profonde sincérité…