réal. martin scorsese, scénario john logan, d'après l'oeuvre de brian selznick, int. ben kingsley, asa butterfield, chloe moretz, sacha baron cohen, helen mccrory, christopher lee, emily mortimer. 2011, 126'. 3 pouces.
le synopsis
dans le paris des années 1930, un jeune orphelin vivant dans une gare hérite de son père un automate…
… qui va bouleverser sa vie et celle d'un homme illustre tombé dans l'oubli…
l'avis
à mon sens, ce film ne mérite effectivement pas d'autres oscar que les oscar techniques qu'il a reçus. et pourtant, le réalisateur s'évertue, tout au long du film, 1. à tout reconstituer pour "faire croire" et 2. à verser dans le mélo pour émouvoir.
1. le lieu tout d'abord, censé être la gare du nord (en fait un mélange gares du nord, de l'est et de lyon qui dérange celui ou celle qui connaît paris), un lieu féérique et chaleureux (l'étalonnage y est pour beaucoup), alors qu'il n'y avait rien de moins chaleureux qu'une gare, surtout à cette époque, les échoppes (celle que tient méliès est remplie de jouets reconstruits à l'identique, rien n'est numérique), les guichets, les affiches, la signalétique, le "merveilleux" des rouages de l'automate et de l'horloge de la gare, et jusqu'aux croissants, que le styliste food a rendus ultra-appétissants (tradition française oblige). tout est "crédibilisé" par une restitution plus vraie que nature.
2. l'atmosphère à la oliver twist, les personnages (l'orphelin, le soldat blessé, l'artiste déchu, la fleuriste au grand coeur, le libraire mystérieux), le pitch (un orphelin "gagne" un avenir en aidant un vieillard à se souvenir de son illustre passé).
un peu trop occupé à s'appliquer, scorsese passe à côté du merveilleux et ne parvient qu'à ne produire que des bons sentiments. comprenons-nous bien, je n'ai aucune leçon de cinéma à donner à un monsieur que j'admire et que je respecte pour l'intégralité de son oeuvre. mais je trouve qu'il se montre ici plus artisan qu'artiste. et c'est dommage.
en outre, pour le français (parisien de surcroît) que je suis, il y a deux choses qui ne fonctionnent pas dans hugo: paris et méliès. paris, parce que le réalisateur a voulu en donner une sorte de version phantasmée (du coup, je n'ai rien reconnu et ça m'a dérangé), méliès parce que le film tourne un peu trop à l'exposé biographique. bref, à mon sens, une erreur et une lourdeur. ça fait beaucoup pour un film de cette ambition.
enfin, l'histoire et les films de georges méliès, on les connaît, nous public françophone. pas par coeur, mais sans doute mieux que le public américain qui a sans doute "besoin" d'être un peu plus "éduqué" que nous sur le sujet. du coup, la présentation de l'oeuvre du très prolifique inventeur du trucage tourne au procédé.
CELA DIT, hugo cabret n'est pas dénué de poésie et un esprit pas trop critique y trouvera sans doute matière à rêver. il est vrai également qu'il n'y a rien à redire sur les effets visuels (rehaussés par une 3D impeccable, sauf dans deux plans à la toute fin du blu-ray) qui sont de très bonne tenue et qui apportent à l'ensemble une qualité indéniable. enfin, je reconnais bien volontiers la sincérité de la démarche et la profondeur de l'hommage à celui qui a pour ainsi dire "inventé" le 7ème art et sans qui scorsese lui-même ne serait sans doute jamais devenu réalisateur. en récompensant, plus que les autres, hugo cabret et the artist, l'académie américaine a elle aussi rendu hommage aux origines du cinéma.