time out

Time out

réal. andrew niccol, int. justin timberlake, amanda seyfried, cillian murphy, vincent kartheiser, olivia wilde. 2011, 101'. 3,5 pouces.

le synopsis
un avenir proche, tout est comme aujourd'hui, à ceci près que le temps a remplacé l'argent. l'homme, génétiquement modifié, cesse de vieillir à l'âge de 25 ans, mais…


… doit gagner du temps pour rester en vie…

l'avis
à l'heure où l'industrie cosmétique dépense des milliards pour convaincre les hommes et les femmes de cette planète que la vieillesse est le fléau du siècle et qu'il faut absolument rester jeune (créant ainsi un besoin contre nature et faisant de cette inéluctabilité un enjeu économique majeur), le scénario d'andrew niccol, l'auteur de bienvenue à gattaca, ne saurait résonner plus justement.

le scénario, ici, est malin car, dans ce monde "futur mais très semblable au nôtre" (manque de moyens ou volonté délibérée), le temps a remplacé l'argent, aussi pour lutter contre la surpopulation. ainsi les hommes, génétiquement modifiés (on ne sait pas comment), portent sur l'avant-bras une horloge digitale qui indique le temps qui leur reste à vivre (généralement une journée pour les plus pauvres) et décompte ce temps à chaque fois qu'ils achètent quelque chose: une semaine pour une chambre d'hôtel standard, un an pour une suite, deux mois pour un péage, etc. il suffit de passer son poignet dans un lecteur, comme on le fait aujourd'hui avec une carte de crédit, pour que le temps correspondant à l'achat soit débité. on peut aussi donner littéralement du temps à quelqu'un. il suffit pour cela que deux poignets se touchent. mais quand il ne reste plus de temps au compteur, on meurt.

la métaphore est jolie, même si l'idée est utopiste. utopiste tant que l'homme sera homme, tant que sa nature le poussera à conquérir le pouvoir en s'appropriant les richesses des autres, qu'il s'agisse d'argent, de temps, de haricots ou de chameaux. certes, l'inégalité n'est pas le propre de l'homme, la nature en est pleine. c'est même ce qu'elle a trouvé de mieux pour faire de la place sur cette terre qui a ses limites. et le bon vieux (et éternel) discours sur la sélection naturelle de refaire surface. qui a droit à plus de temps/d'argent? les plus faibles peuvent-ils prétendre gouverner? les pauvres ont-ils droit à la richesse? un ouvrier peut-il exiger le même salaire que le président d'une banque centrale? et s'il devenait aussi puissant qu'un puissant, serait-il plus juste? penserait-il autant aux autres? c'est connu, ce sont les plus forts qui survivent et perpétuent la race. jouer les robin des bois en redistribuant les richesses, en prenant aux riches pour donner aux pauvres, ne rend pas les hommes plus égaux. l'égalité est un très beau principe républicain mais l'inégalité est inhérente à la nature humaine. "ce sera catastrophique, ils ne sauront pas quoi en faire!", hurle philippe weis le bien nommé (kartheiser) dans le film. ils sauraient parfaitement quoi en faire, mais il y a fort à parier qu'ils ne seraient pas meilleurs que ceux dont ils briguent les privilèges. et les pauvres (dans le film) de faire sagement la queue pour récolter leur ration de temps. mdr devant cette foi naïve en l'homme qui reste reconnaissant et discipliné, même quand sa vie est en jeu. petite faiblesse qu'on pardonnera aisément devant la nouveauté du traitement de ce sujet pourtant éculé.

time out (in time en v.o., encore une titre anglais traduit par un titre… anglais!), qui devait porter, à l'origine, le nom tout aussi malin de i'm.mortal, est de ces films qui proposent une base intelligente de réflexion. à voir donc rapidement.

les coulisses
des expériences d'écovillages sont menées au brésil où, entre autres choses, le temps est utilisé comme monnaie d'échange ou de paiement. timberlake continue sa jolie petite carrière au cinéma, après the social network, bad teacher et sexe entre amis. olivia wilde (10 mars 1984), qui incarne la mère de timberlake dans le film, est en réalité plus jeune que lui (31 janvier 1981). tout récemment, un écrivain a accusé niccol de plagiat, arguant que le script de time out était très largement inspiré de l'une de ses nouvelles publiée en… 1965!

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