réal. guillaume canet, int. françois cluzet, gilles lellouche, benoît magimel, jean dujardin, laurent lafitte, joël dupuch, marion cotillard, valérie bonneton, pascale arbillot, annie marivin. 2010, 154'. 3,5 pouces
le synopsis
alors qu'un événement dramatique les touche de près, une bande de copains décide tout de même de partir en vacances au bord de la mer,…
… comme chaque année. mais les tensions se révèlent plus grandes que d'habitude et ils vont lever les "petits mouchoirs" qu'ils ont posés sur leurs secrets et leurs mensonges.
l'avis
je sais, ce film, tout le monde l'a vu depuis belle lurette. qu'importe, le combat est plus beau quand il est inutile!
ce qui m'a plu dans ce film choral, comme on dit, c'est qu'il parle, malgré le nombre de personnages, de solitude. la solitude au sein du couple, la solitude parmi une bande de potes de longue date, la solitude devant la vie mais aussi et surtout face à la mort. la solitude, c'est-à-dire l'incompréhension, l'incommunicabilité, l'égoïsme des autres envers soi ou vice-versa, bref, toutes ces petites choses qui font qu'on peut être avec des gens et ne pas se sentir entouré, qu'on peut être entouré et se sentir délaissé, qu'on peut être aimé, par beaucoup, et mourir dans une chambre d'hôpital, tout seul.
vous me direz que, quoi qu'on fasse dans la vie, on le fait seul. vous n'aurez pas tort.
les petits mouchoirs peut paraître long. c'est que canet prend son temps pour construire ses personnages, leur histoire respective et leurs histoires communes, en un mot bâtir un scénario qui tienne la route et qui crée une empathie consolidée par des protagonistes consistants. résultat: l'ensemble sonne plutôt vrai. le principe n'en est pourtant pas nouveau. ce genre d'histoire, il y en a eu des dizaines au cinéma, à commencer par mes meilleurs copains (jean-marie poiré, 1988). mais celle-là, on s'y laisse guider d'autant plus facilement qu'elle est portée par des acteurs sympathiques et populaires.
le hic, c'est que ce casting, rassemblant la fine fleur de la "jeune" génération du cinéma français, masque, et c'est le reproche que je ferais au film, une histoire un peu creuse avec des personnages dont on se soucie des enjeux comme de l'an trente-cinq. c'est là, à mon sens, l'une de ses faiblesses. l'autre, c'est la fin. et je ne parle pas de la nouvelle qui semble tomber comme une surprise alors qu'elle était attendue. je parle du mélo de la dernière séquence, qui se veut une apothéose logique de… de quoi d'ailleurs?
la lecture que je fais de ce final larmoyant est: allez, on s'embrasse et on se pardonne tout ce qu'on a pu se dire pendant les 154 dernières minutes vu qu'on est potes et qu'on est bien vivants. de ce point de vue-là, c'est une apothéose qui s'inscrit dans la logique nombriliste, faite d'oeillères et de non-générosité, avec laquelle les personnages vivent leur vie.
les petits mouchoirs est loin d'être mauvais mais, en fin de compte, je pense que tous ceux qui l'ont trouvé super se sont sans doute fait avoir par le talent, indiscutable, des têtes d'affiche (et qui dissimule, par des effets de manche, les points faibles de l'histoire) et aussi par ce final plein de bons sentiments et un poil trop appuyé. on aurait aimé davantage de subtilité dans l'écriture. la fin, mais pas seulement, en eût été bien plus forte.