the invention of lying

The invention of lying

réal. ricky gervais & matthew robinson, scénario ricky gervais & matthew robinson, int. ricky gervais, jennifer garner, louis c.k., jonah hill, rob lowe, john hodgman, tina fey. 2009, 100'. 3,5 pouces.

le synopsis
dans un monde où tout le monde ne sait dire que la vérité, un scénariste raté, un jour, par hasard,…


… se met à mentir…

l'avis
déroutant mais intéressant car tout le film est construit sur le principe de la vérité, même si elle n'est pas toujours agréable à entendre, ou plus exactement sur l'idée que le mensonge n'a pas encore été inventé. si bien que lorsque mark (gervais) commence à dire des mensonges, tout le monde le croit les yeux fermés. et nous, spectateurs, on commence gentiment et progressivement à tout confondre.

au chevet de sa mère mourante (flanagan), mark la rassure en lui disant qu'elle va vers un pays merveilleux où elle aura un manoir. du coup, les personnes présentes croient qu'il dialogue avec "l'homme qui vit dans les nuages". bonjour le quiproquo. en attendant cela lui permet de vendre ses scénarios pourris à son patron en lui faisant croire qu'ils sont excellents. et tout le monde de s'extasier. mdr. du coup, il devient très riche. c'est pas bien de mentir pour s'enrichir. mais ce mensonge "extérieur" masque en fait une grande déception sentimentale.

et le déroutant de devenir subtil car les sentiments s'en mêlent. mark est amoureux de jennifer (garner) mais il a un physique moins facile que son collègue rob (lowe), génétiquement mieux équipé pour assurer à jennifer une belle descendance. de plus, il a une meilleure situation et, accessoirement, le hait. mais, comme souvent dans ces cas-là, la notion de vérité et de mensonge s'estompe pour laisser place à celle, beaucoup plus pernicieuse, de l'honnêteté dans le rapport à autrui en général et la relation amoureuse en particulier. là où le rapport est subtil, c'est qu'aucun des personnages n'est malhonnête au sens malicieux du terme. il tient pour vrai ce en quoi il croit. mais ce que l'on tient pour vrai ne devient-il pas une sorte de mensonge si l'on se berce d'illusion?

la scène où il sort délivrer à la foule les nouveaux "commandements" est d'une grande loufoquerie, et aussi d'une ironie folle. quand on sait que gervais est un athée convaincu, si j'ose dire (sa remarque tout à la fin de la cérémonie de remise des golden globes cette année en disait long), cette séquence avec lesdits (pas les dix) commandements scotchés sur des cartons à pizza "pizza hut" (bonjour le product placement. mais au fait, pourquoi faut-il toujours que ce soit pizza hut? clin d'oeil à demolition man?) ne manque pas de sel. du coup, cette réflexion sur la vérité et son bien fondé prend tout à coup des allures de critique/parabole/pamphlet sur la religion en général et ceux qui la "contrôlent" en particulier. amis intégristes, bonsoir!

le film menteur, menteur (tom shadyac, 1997), avec jim carrey, exploitait ce thème de manière moins subtile (mais pas moins drôle): un avocat subit, pendant 24 heures, le sort de son fils qu'il a trahi. il ne va pas pouvoir faire autrement que de dire la vérité. catastrophes en série pour happy end annoncé: l'avocat devient "humain". idée typiquement américaine (les avocats n'ont pas bonne presse là-bas) et twist typiquement scénaristique (le personnage sort grandi de son aventure).

ici, le personnage interprété par gervais reste fidèle à sa vérité, c'est-à-dire honnête (même si je ne suis pas à ton goût, je te rendrai heureuse), qui est une sorte de mensonge pour jennifer (comment me rendras-tu heureuse si tu n'es pas à mon goût?) mais les sentiments évoluent et notre perception de l'autre aussi… la vérité devient-elle un mensonge pour autant? non, elle devient autre.

je remarque que les distributeurs n'ont pas cru bon de traduire le titre du film qui, à l'origine, devait être this side of the truth. comme si tout le monde allait forcément comprendre et que "l'invention du mensonge" était moins sexy. la traduction (ou non) des titres de longs-métrages m'échappe un peu, même si elle doit obéir à une sorte de logique.

je remarque aussi que, à 22 jours près, ricky gervais et moi avons le même âge. mais cela n'a strictement rien à voir avec une quelconque critique de film… ;O)

film non hilarant, même si gervais fait son numéro qu'il trimbale de film en film (et que, avouons-le, ce type est très drôle), et qu'il a fait appel non seulement à des gens qui ont fait assez récemment une entrée fracassante sur la scène comique américaine (jonah hill et tina fey en tête) mais aussi à des comédiens de tout premier plan pour des rôles de composition de 5 minutes chrono à l'écran (edward norton, jason bateman et philip seymour hoffman). mais le film suscite davantage une réflexion un peu contemplative qu'un rire gras. et c'est plutôt sympa…

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