tron l’héritage

Tron l'héritage

réal. joseph kosinski, scénario adam horowitz, richard jefferies, int. jeff bridges, garrett hedlund, olivia wilde, bruce boxleitner, james frain. 2010, 126'. 3 pouces.

le synopsis
sam flynn (hedlund) est hanté par la disparition de son père kevin (bridges), survenue inopinément (en même temps, une disparition, on s'y attend rarement) il y a 25 ans. découvrant son bureau…


… sous l'ancienne arcade de jeux (facile) désormais désaffectée, il est lui-même happé dans le cyberespace (comme par hasard), plus avancé technologiquement, plus dangereux aussi (ah bon?).

l'avis
vous l'aurez constaté: un brin d'ironie perce sous mes propos. c'est que je suis (forcément) un brin déçu. il y a toujours une chance sur deux qu'on le soit dans ces cas-là, et une chance sur deux, c'est à la fois beaucoup et peu. l'idée même d'une suite nuit (même le jour) à la fraîcheur d'un concept original. vous me direz qu'il y a des suites réussies. certes.

les 3 pouces susmentionnés, c'est donc plus pour les effets visuels (forcément époustouflants, mais bon) que pour le scénario. le voyage initiatique à la recherche du père est un thème classique, à la fois simple et compliqué, qui est en l'occurrence pas supra passionnant. alors oui, le monde virtuel est bluffant, mais on s'y attendait quand même un peu, non? et, comme je dis toujours, depuis quand les effets spéciaux font-ils un bon film? l'original était bon car, comme tout bon film, il faisait passer l'histoire AVANT tout le reste. aujourd'hui, même s'ils crient tous haut et fort que c'est l'histoire qui prime, cette histoire s'efface souvent derrière "l'entertainment", c'est-à-dire le nécessaire "spectacle" auquel les foules grasses et populacières sont venues assister. car elles doivent en avoir pour leur argent, ces foules nourries au pop-corn depuis des générations, ces foules dont le sens critique est généralement inversement proportionnel à la quantité d'effets qui impressionnent (dans les deux sens du terme) leurs pupilles écarquillées.

il y a quand même un truc qui m'a bien fait marrer. flynn père est prisonnier de ce monde virtuel depuis 25 ans, et celui qui l'empêche de sortir n'est autre que clu (codified likeness utility), le programme hacker qu'il a lui-même créé au début des années 80, et qui a "pris le pouvoir" pour accomplir sa mission de créer un monde parfait. du coup, le double sympa de l'original, qui aidait flynn à mettre à mal l'ignoble dillinger, devient dans ce nouvel opus son double maléfique. ok, ça c'est fait. mais ce qui m'a fait marrer, c'est que le gars, qui est là depuis 25 ans, il bouffe des haricots (!!!) au dîner dans son appartement high-tech avec vue sur la ville façon beverley hills. mais où les trouve-t-il??? dans son potager numérique? et, comble du foutage de gueule, il y a même des tournesols dans un vase. on remarquera qu'ils évitent soigneusement de s'apesantir sur ces questions, tellement ils seraient emmerdés pour fournir des réponses crédibles. mort de rire.

à part ça, il y en a une qui tire bien son épingle du jeu, c'est olivia wilde, la n° 13 de dr. house. interprétant quorra, une "iso" (isomorphic algorithm) que flynn a sauvée du génocide (la purge) perpétré par clu des années auparavant, elle est très juste à véhiculer ce mélange de machine (elle est tout de même issue d'une race de programme spontanée) et d'humanité. une future star, la olivia, moi je vous le dis (qui va d'ailleurs refaire surface dans la saison 8 de house, greg n'a plus qu'à bien se tenir).

deuxième truc qui m'a bien fait marrer: sam flynn la "sort de là" en l'emmenant dans le monde réel. et, formidable!, elle supporte plutôt bien le passage de l'état de programme informatique à celui, ô (très agréable) surprise, de vraie femme (avec combinaison moulante et tout). "il y a deux ou trois choses qu'il faut que tu saches", finira par lui annoncer sam avec un sourire aldo maccione avant de s'en aller lui faire sauvagement des bébés, parce qu'elle le vaut bien, et de fonder avec elle une famille mi-homme, mimolette, que nous aurons la surprise de découvrir dans le troisième opus. naaaan j'déconne! quoique, ils en seraient capables les bougres. vous vous souvenez de la scène finale d'amélie poulain? tautou enlaçant amoureusement kassovitz lors d'une balade en vespa années 50 façon chabadabada à fond la caisse (40 km/h) dans les paris de paris? eh bien, ils nous l'ont refait!!!! "je sens que je vais me plaire dans ce monde", semble penser quorra alors que l'homme de sa vie (!!!!) pilote virilement (sans que ses cheveux volent au vent) sa triumph carburant à la testostérone… mort de rire. cela étant, la combinaison moulante sied probablement mieux à olivia qu'à audrey. quoique, ça reste à vérifier.

à part ça (bis), le fait que sam flynn soit TRÈS balèze dans les jeux vidéo est un poil (si j'ose dire) capillotracté. mais si! tel père tel fils, vous entends-je arguer. ce à quoi je vous répondrai par un contre-argument ne souffrant aucune réplique: MOUI! et puis ce côté messie à la matrix de flynn (père) rétablissant tout à la fin "parce que c'est dans l'ordre des choses", a quelque chose de gonflant et d'un peu facile.

à part ça (ter), joseph kosinski est passablement booké ces derniers temps. il a coréalisé (avec sean bailey et david fincher) l'an dernier le remake (encore un) du trou noir, non pas le premier film porno africain, le film de sf de 1979 aux effets spéciaux rendus extrêmement ringards par la guerre des étoiles, sorti un an avant, ainsi que oblivion, adaptation d'un roman graphique qu'il a lui-même créé, dont l'histoire se déroule dans un monde post-apocalyptique (ça sonne pas un peu familier?) et dont fincher est également le producteur. il est actuellement en production sur archangels (produit par les frères scott), un thriller de science-fiction dans lequel les membres d'un organisme terrient traquent des agents aliens infiltrés (ça aussi, ça sonne un peu familier). on se réjouit de découvrir tout ça.

bref, je ne suis pas bien convaincu que tron l'héritage soit un "bon" film. mais le spectacle vaut la peine d'être vu. donc, foule grasse et populacière, attends-moi, j'arrive!!!

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