le discours d’un roi

Le discours d'un roi

réal. tom hooper, scénario david seidler, int. colin firth, geoffrey rush, helena bonham carter, derek jacobi, guy pearce, jennifer ehle, timothy spall, michael gambon. 2010, 118'. 4 pouces

le synopsis
après son père, le roi george v (gambon), et son frère, le roi edward viii (pearce), albert, duc d'york, s'apprête, sous le nom de george vi (firth), à diriger une angleterre entrant en guerre contre l'allemagne nazie. mais il a un grave problème:…


… il est bégue.

l'avis
c'est l'histoire d'un vilain petit canard qui se trouvait être roi et d'un orthophoniste sans diplôme qui, lui redonnant confiance, l'aida à surmonter la lourde tâche de gouverner un pays en guerre. bon, l'histoire est vraie, même si ce n'est pas cela qui rend les personnages attachants, et s'assortit de quelques anecdotes: la reine mère (sa veuve, interprétée dans le film par bonham carter) s'opposera jusqu'à sa mort (2002) à ce que l'on en fasse un sujet tant qu'elle vivrait; son "rééducateur", lionel logue (rush), que rien ne prédestinait à évoluer dans l'entourage d'un roi, puisqu'il était roturier, sans diplôme et australien, gagnera l'amitié de ce roi par sa méthode (et donc ses résultats), son honnêteté et sa tenacité, et la conservera jusqu'à la mort du monarque en 1952 (il mourra lui-même un an plus tard) qui lui octroiera, dès son accession au trône, le titre de chevalier. à ce titre, le "rétablissement des rôles", lors de la dernière scène du film – alors qu'il l'avait toujours appelé par son nom, le roi appelle enfin logue "my friend", de même logue lui répond en l'appelant "your majesty", alors qu'il l'avait toujours appelé "bertie" – est assez révélateur de la subtilité et de l'évolution des liens qui unissaient les deux hommes.

l'homme. introverti, de santé fragile, albert frederick arthur george, de la maison de windsor, est depuis toujours l'objet de moqueries (son frère et son père) et de mépris (sa nounou le martirisera pendant trois ans). second fils de george v, il est plutôt destiné à grandir et vieillir dans l'ombre de son frère edward. mais ce dernier, devenu edward viii, renonce volontairement (une première dans l'histoire britannique) à la couronne dix mois seulement après avoir accédé à la fonction suprême pour convoler avec une américaine roturière, deux fois divorcée et partisane d'hitler. une union à laquelle la maison royale est bien sûr très hostile. d'où l'abdication. du coup, albert ("bertie" pour les intimes) se retrouve sur le devant de la scène dès 1936. mal dans sa peau, le nouveau george vi doit absolument vaincre son handicap s'il veut trouver grâce aux yeux de ses sujets. spécialistes, orthophonistes et thérapeutes se pencheront sans succès sur son cas. jusqu'à ce qu'il fasse la connaissance de lionel logue.

le traitement. diagnostiquant une mauvaise coordination entre le larynx et le diaphragme thoracique, logue prescrit des exercices vocaux d'une heure par jour afin de faciliter la détente musculaire et de réduire les spasmes provoqués par certains muscles. il aura également recours à de nombreux exercices de diction, comme des virelangues, aussi appelés casse-langues ou fourchelangues, pour aider le roi à se préparer à des allocutions importantes. il est vrai qu'à l'époque, les discours à la nation se faisaient à la radio et le roi pouvait ainsi se faire assister par son orthophoniste qui le coachait "en direct". cette façon de faire serait évidemment impensable aujourd'hui (vous imaginez le spécialiste en haussement d'épaules coachant sarkozy derrière les caméras de tf1 en lui faisant signe de respirer profondément pour éviter tout mouvement intempestif? naaaan, impensable). grâce à ce traitement, george vi se révélera un monarque aimé de ses sujets à qui il s'adressera avec une relative assurance. à sa mort, c'est sa fille, elizabeth ii, qui montera sur le trône et qui y est toujours (soit dit en passant, c'est le quatrième règne le plus long de l'histoire – 59 ans le 6 février – après louis xiv – 72 ans -, françois-joseph d'autriche – 68 ans – et victoria – 64 ans, avant louis xv – 58 ans, 8 mois et 9 jours).

colin firth est impressionnant de justesse. geoffrey rush est magnifique de simplicité-qui-ne-se-laisse-pas-impressionner. classique, la mise en scène sied à la solennité de l'ensemble. subtil, attendrissant, grave, impressionnant… les adjectifs ne manquent pas pour qualifier ce film déjà multirécompensé (et il part déjà avec 12 nominations aux statuettes qui seront décernées le 27 février), surtout colin firth-le-super-grand-favori pour l'oscar du meilleur acteur (opposé à jeff bridges pour true grit, le dernier-né des frères coen, javier bardem pour biutiful, jesse eisenberg pour the social network ou james franco pour 127 heures), comme l'est la sublimissime natalie portman pour son rôle trouble de danseuse étoile dans black swan.

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