au-delà

Au-delà

réal. clint eastwood, scénario peter morgan, int. matt damon, cécile de france, thierry neuvic, george maclaren. 2010, 128'. pouces.

le synopsis
trois personnages sont confrontés à la mort, chacun de manière différente. une journaliste française (de france) est victime d'un tsunami et fait une "emi" (expérience de mort imminente), un garçon anglais (maclaren) perd…


… son frère jumeau et un medium américain (damon) tente d'échapper d'une part à ce "don", qu'il considère comme une malédiction, qu'il a de communiquer avec les morts, et d'autre part à son frère qui veut gagner de l'argent sur son dos. leur destin va finir par se croiser à londres et leur apporter des réponses sur le sens de leur vie…

l'avis
qu'on aime ou qu'on n'aime pas, un eastwood est toujours un événement (comme pouvait l'être, en son temps, un woody allen ou un fellini). tout simplement parce que ce réalisateur est, par les thèmes qu'il aborde et les réflexions qu'il apporte, un auteur majeur du cinéma contemporain. après invictus (l'accomplissement de sa destinée) et avant j. edgar (biopic sur le fondateur du fbi, avec dicaprio) au-delà explore la relation complexe et forcément "conflictuelle" que ceux qui la vivent ou qui l'ont vue de près peuvent entretenir avec la mort (et donc ses conséquences sur la vie). c'est un film sur la solitude. comment supporter l'incompréhension, voire l'éloignement, volontaire ou pas, d'un entourage souvent étranger à ce que l'on vit, comment gérer l'isolement que le deuil, ou la différence (dans le cas du personnage de damon), provoque immanquablement, comment faire face à cette solitude, parfois dramatique, qui en découle?

eastwood est passé maître dans l'art difficile et périlleux de raconter des histoires avec une grande simplicité. c'est-à-dire en éliminant tout effet qui ne sert pas le propos, en enlevant toute explication superflue, en supprimant tout verbiage inutile, bref en allant à l'essentiel. là où chez bon nombre de réalisateurs le résultat serait creux et simpliste, chez eastwood il est tout simplement lumineux. ainsi ses mises en scène sont de plus en plus dépouillées, ses cadres de plus en plus sobres, ses lumières de plus en plus naturelles. et cela parce que le propos du cinéaste se recentre de plus en plus sur le sens des choses.

privilège d'un âge où on a déjà passablement parlé pour ne rien dire, où l'expérience permet de mieux canaliser l'énergie, où le passage inexorable du temps incite à ne pas se perdre en discours fumeux…

et le plus beau, c'est qu'eastwood parvient en plus à créer au passage une indicible émotion. la bande son y est pour beaucoup, naturellement, et porte indubitablement sa touche: une partition un brin mélancolique, un rien jazzy (un genre très cher au réalisateur), interprétée notamment par un piano solo. dès les premières notes, on reconnaît cette empreinte qui permet d'entrer immédiatement dans son univers.

hier, les critiques avaient aimé gran torino. moi pas. aujourd'hui, ces mêmes critiques n'aiment pas au-delà. moi si. j'aime cette émotion, cette liberté et cette simplicité.

comme quoi il ne faut pas écouter les critiques. et ce constat s'applique évidemment aussi à la présente note, avec laquelle, en bref et comme d'habitude, vous n'êtes pas obligés d'être d'accord ;O)…

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