réal. tom mcgrath, voix originales will ferrell, brad pitt, tina fey, voix françaises kad merad, franck dubosc, géraldine nakache. 2010, 95'. 3,5 pouces.
le synopsis
megamind est le plus grand superméchant de l'histoire de l'humanité. et le plus grand loser aussi. car à chaque fois qu'il essaie de prendre possession de metrocity, il en est empêché par le supergentil (et insupportable) metro man. et puis un jour,…
… il tue metro man… et se retrouve sans adversaire à affronter.
l'avis
ce serait d'une platitude affligeante que d'affirmer, comme ça, tout de go, que le cinéma, d'animation ou pas, nous met, quand il est bien fait, devant un impitoyable miroir qui nous renvoie une image pas toujours flatteuse de notre société et de nous-mêmes.
sous couvert de rire (le physique exacerbé des personnages n'est pas sans rappeler les indestructibles), de gentille moquerie et de douce (mais brillante) caricature, megamind n'échappe pas à la règle.
l'idée de base du scénario découle-t-elle d'une bonne vieille prise de conscience: le modèle "winner" est en passe de devenir ringard et la course au profit, c'est has been? la récente débâcle financière est certes passée par là mais elle n'explique pas tout. est-ce simplement un signe des temps? l'évolution normale d'une société qui a atteint les limites de sa morale triomphante et au fond un peu vaine?
quoi qu'il en soit, ça devient de plus en plus systématique, le cinéma américain (re)découvre qu'on peut être loser et sympathique, qu'on peut être imparfait et animé de vraies valeurs, qu'on peut même ne pas correspondre aux critères de beauté qu'on nous impose à longueur de magazines (oh le bel euphémisme) et être séduisant, voire vivre une vie sentimale et sexuelle épanouie.
c'est un phénomène relativement récent, de nouveaux talents émergent qui ont une cote d'enfer, les jonah hill, les seth rogen, les zach galifianakis, emmenés entre autres par judd apatow. côté féminin, le casting (original) n'est pas en reste puisque le rôle de roxanne ritchie est tenu par tina fey qui s'est récemment illustrée dans crazy night (shawn levy, 2010) aux côtés de steve carell, autre pape loser de la comédie à l'américaine. il est vrai que la voie avait été bien tracée par un presque vétéran (mais qui tient encore bien la route), j'ai nommé ben stiller. ça fait un moment qu'il nous habitue à ce type de personnages "vrais" (mais avec un tout autre physique) en nous les rendant sympa grâce à un fin mélange d'humour et d'émotion.
mmm, curieux, il figure comme par hasard, aux côtés de jonah hill et tina fey, au générique, comme doubleur mais aussi comme producteur. doit-on dès lors s'étonner que megamind affiche de "bons" sentiments (dans le "bon" sens du terme)? car tout comme tru (moi, moche et méchant), megamind est finalement un gentil qui s'ignore et que sa maladresse, sa naïveté parfois, rendent fondamentalement sinon aimable, du moins pardonnable. bien plus en tout cas que ce mr perfect de metro man qu'adulent ces masses bêlantes, grasses et populacières. à ce propos, le choix de dubosc pour la voix française est très judicieux (et le parallèle pas innocent) en ce qu'il ne pouvait plus parfaitement correspondre à une certaine idée du star system et de la vanité-du-séducteur-ringard-qui-se-prend-au-sérieux qu'incarne ce "comique" de manière tellement récurrente que c'en est horripilant. et pour ceux qui n'auraient pas compris, oui, c'est ironique car je hais ce mec (parenthèse refermée).
avec ben stiller en producteur, guillermo del toro en consultant créatif (une référence dans le cinoche fantastique, mais qu'est-il venu faire dans un tel projet?) et un gars de la technique du nom de salvatore richichi, on ne peut que se marrer. ah oui, et allez le voir en 3d, vous êtes sûrs de rester scotchés (rendu des matières, réalisme des décors, textures de peau et expressions faciales). ce sera une bien belle consolation si l'histoire, un peu faiblarde quand même (et pas des plus méga-originales), n'a pas l'heur de vous captiver.