réal. fred cavayé, scénario guillaume lemans, fred cavayé, int. vincent lindon, diane kruger, lancelot roch, olivier marchal. 2008, 96'. 3 pouces.
le synopsis
lisa (kruger) et julien (lindon) vivent heureux avec leur fils oscar (roch). un matin, la police vient arrêter lisa pour meurtre. verdict: vingt ans. julien est convaincu de son innocence. mais…
… qu'est-il prêt à faire "pour elle"?
l'avis
face à une épreuve, un choc, certains réagissent, d'autres pas. l'histoire (avec un grand "h") a posé la question à maintes reprises: et nous, jusqu'où serait-on prêt à aller pour s'en sortir? une question à laquelle il est impossible de répondre tant qu'on ne se retrouve pas au pied du mur, c'est-à-dire quand on n'a plus le choix.
ce choc violent, insupportable et inacceptable, julien, un prof de français ("monsieur tout le monde", dira le flic tout à la fin du film), y est confronté le jour où sa femme est condamnée à vingt ans de réclusion pour un meurtre qu'elle n'a pas commis. le réalisateur nous montre même ce qui s'est réellement passé, pour lever le doute et permettre au spectateur de prendre plus facilement le parti du personnage. son mur à lui, il s'y retrouve quand il apprend que les preuves sont accablantes et qu'il sera désormais impossible de revenir sur la décision du tribunal. mais il est de ceux qui réagissent. aussi, obsessionnel mais méthodique, il se renseigne, se prépare, prend des risques et en vient même aux pires extrémités au seul nom de son amour pour sa femme. hautement symbolique, le mur de sa chambre, bien physique celui-là, sur lequel il dessine son plan, va justement l'aider à franchir les étapes essentielles de sa préparation. pour asseoir crédibilité et réalisme, et donc créer l'empathie pour le personnage, le réalisateur et son scénariste ont dû répondre aux questions basiques que l'on se poseraient tous en pareilles circonstances: où se procurer de faux papiers quand on est un type ordinaire? comment se comporter avec la famille quand on ne peut pas tout lui dire? comment gérer l'urgence quand des impondérables bouleversent les plans? comment avoir des réflexes de gangster quand on n'en est pas un? la performance de lindon, coutumier des rôles d'hommes à la fois forts et fragiles, est pour beaucoup dans la réussite du film. celle de kruger n'y est pas étrangère non plus, passant progressivement de la lumière du bonheur à la noirceur du désespoir.
pour elle était le premier long métrage de fred cavayé. et pour un premier, il s'en est plutôt vachement bien tiré. à voir son deuxième (à bout portant, sorti très récemment), il pourrait être récurrent chez lui, ce thème des gens ordinaires placés dans des situations extraordinaires, accompogné de cette épouvantable question. un thème qui fait froid dans le dos.