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réal. james cameron, scénario james cameron, int. sam worthington, zoe saldana, sigourney weaver, giovanni ribisi, michelle rodriguez. 2009, 161'. 3,5 pouces.

le synopsis
lieu: pandora, planète située à des années-lumière de la terre. situation: les hommes tentent d'exploiter un minerai très rare (du joli nom de "unobtainium") censé résoudre la crise énergétique de la terre. problèmes: les autochtones – les na'vi – constituent un obstacle majeur à l'extraction du précieux minerai, et l'atmosphère est toxique pour les humains. c'est pourquoi…

… un programme scientifique est mis sur pied qui permet à des volontaires de lier leur esprit à des avatars, créés à partir d'un croisement d'adn humain et na'vi, et de survivre dans cet environnement mortel. jake sully (worthington), marine devenu paraplégique, est recruté pour infiltrer les na'vi…

l'avis
cameron n'est pas emmerich et c'est tant mieux. son pamphlet écologique, doublé d'un message humaniste, est à des années-lumière, c'est le cas de le dire, de celui de l'allemand immigré pro-américain lèche-bottes qui, lui, fait passer son message à grands renforts d'effondrements de tours (ah, traumatisme, quand tu nous tiens), de disparitions de villes entières, de raz-de-marées comme jamais le cinéma n'en avait vu jusque-là, bref de fin du monde. dans avatar, même s'il y a des hélico partout et que les militaires jouent, comme d'habitude, les "méchants" oeuvrant pour le compte d'industriels peu scrupuleux et respectueux de la vie, le discours se veut plus subtil et résolument positif, limite sentimentaliste par moments (cameron est américain), car il prend le temps de montrer la beauté (et pas seulement celle du paysage) que les hommes détruisent. pour autant, la prise de conscience en sera-t-elle plus efficace?

il y a dans l'art du scénario 36 situations dramatiques de base autour desquelles les scénaristes tournent inlassablement, variant seulement la manière, l'issue ou la combinaison. cameron ne déroge pas à la règle. son histoire a beau se passer in a galaxy far far away, l'homme reste stupide et peut aller jusqu'à saccager la vie d'autrui pour sauvegarder ses intérêts. il y a dans son récit comme un arrière-goût de déjà-vu, pas d'un autre film, mais de répétition de l'histoire avec un grand h. car le massacre des na'vi et de leur civilisation fait tout de même furieusement penser à celui des amérindiens ou à la destruction de la forêt amazonienne, bref, à toute colonisation accomplie au nom de la toute-puissance méprisante d'une nation ou de sa prétendue supériorité économique ou culturelle. les exemples sont légion, de jules césar à l'empire britannique en passant par la france ou le japon. d'accord, ici la raison est, excusez du peu, la survie de la planète terre, mais la cupidité et le résultat ne sont pas différents. quoi qu'il en soit, le message du cinéaste fait mouche et amène une réflexion sur de grandes notions universelles, mais ô combien nécessaires à rappeler en ces temps de perte de repères, comme le respect des valeurs (communautaires), l'harmonie avec l'environnement (la connexion à la nature) ou l'amour d'autrui (le rite initiatique comme préalable à l'empathie et à une meilleure compréhension entre les peuples).

beaucoup n'y verront sans doute qu'un film "trop cool" avec des "effets qui tuent". il est vrai que les images sont époustouflantes, les plans complexes et les effets tellement maîtrisés qu'on peine parfois à croire que c'en sont (et dalila). mais l'intérêt du film est ailleurs et sa beauté formelle ne doit être comprise qu'en ce qu'elle sert un précepte fondamental: apprenons à respecter plus souvent au lieu de détruire systématiquement (la vie ou la planète, c'est kif-kif).

vu le flopenhague et le discours revanchard (somme toute assez compréhensible) de certains états face à leur "droit" au développement, on se dit qu'on est loin d'être sorti de l'auberge…

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