oss 117 – rio ne répond plus

Oss 117 rio
réal. michel hazanavicius, scénario jean-françois halin et michel hazanavicius, d'après l'oeuvre de jean bruce. int. jean dujardin, louise monot, rüdiger vogler, pierre bellemare, ken samuels. 2008, 100'. 3 pouces.

le synopsis
hubert bonisseur de la bath, alias oss 117 (dujardin), se voit confier pour deuxième mission d'aller à rio sous l'identité du reporter photographe noël flantier (sic) afin d'en découdre avec des nazis en possession de microfilms compromettants pour l'état français…

l'avis
deuxième opus, douze ans après le premier, des aventures du plus célèbre des agents secrets français, revues et corrigées par michel hazanavicius et son complice jean dujardin. séquence d'ouverture qui n'a rien à voir avec le reste du film, scènes dépourvues de sens mais authentiquement hilarantes, stylisme parfait (à noter tout particulièrement la paire de paraboot auris – réf 743801 – avec dessus cuir en croûte de bovin huilé, le boxer de bains à ceinture façon sean connery et le costume à la paul newman dans détective privé (1966)), nouveau patron pour oss 117 (pierre bellemare impeccable), héros encore plus largué mais toujours aussi macho et raciste, et dialogues encore plus politiquement incorrects, cette suite qui n'en est pas une est un bon cru sans être le pur moment de bonheur que l'on était en droit d'attendre après une jubilatoire première édition. car même si l'on ne peut s'empêcher de guetter l'oss qu'on avait adoré il y a trois ans, il serait faux de vouloir comparer les deux films. son réalisateur-scénariste dit en effet avoir voulu casser les codes et s'amuser avec le personnage tout en conservant les fondamentaux. reste un petit sentiment de frustration, probablement dû au fait que hazanavicius a refusé une surenchère que, forcément et inconsciemment, l'on espérait, tout en préférant insister sur tel ou tel trait du personnage que l'on attendait pas. certaines répliques, qui tiennent plus de la fulgurance de héros, tellement ringardes qu'elles en deviennent vintage, valent largement le détour et contribuent au côté savoureux du personnage. si ce film ne mérite pas 4 pouces (à mon humble avis), il mérite quand même largement d'être vu, rien que parce que les parodies intelligentes sont rares dans le cinéma françaais et qu'elles apportent un moment de détente bienvenu en ces temps de crise. une mention spéciale à l'affiche qui joue à merveille avec les codes graphiques de l'époque…

les coulisses
"même si me retrouver à poil sur un plateau n'est pas le truc qui m'éclate, cette séquence (celle avec les hippies sur la plage) reste l'un des plus beaux moments du tournage. au bout de vingt secondes, les figurants qui ne se connaissaient pas ont commencé à se rouler des pelles, les deux nanas ont commencé à me désaper, je me suis couché sur le dos d'un mec qui m'a embrassé… tu te retrouves à poil avec un barbu qui te touche le cul en te disant "tutto bene, tutto bene"… dans mon champ de vision, j'avais guillaume schiffman, notre directeur de la photo, qui était mort de rire… si je devais garder un souvenir de ce tournage, je crois que ce serait le petit matin qui a suivi cette nuit-là. s'il devait y avoir un oss 3, je pense qu'il n'y aurait plus d'oss girls. oss serait un agent vieillissant portant une chevalière et des lunettes demi-lune, le film se passerait en afrique à la fin des années 70 sous giscard et bocassa, et oss serait aidé par un jeune et beau black de 23 ans!". ainsi jean dujardin résume-t-il son expérience et sa volonté, concertée avec son metteur en scène, de casser constamment le personnage. michel hazanavicius quant à lui, co-scénariste sur ce film (contrairement au premier sur lequel il était arrivé alors que l'histoire avait déjà été écrite), a déclaré avoir voulu changer d'époque afin de garder le personnage et toute sa bêtise tout en changeant son rapport au monde, qui a évolué mais pas lui. l'action devait initialement se dérouler en israël, au moment de la guerre des six jours, ce qui lui aurait apporté une légitimité historique. mais dujardin se déclara mal à l'aise avec l'idée, principalement parce que la proximité avec le conflit actuel aurait privé le film de la naïveté et de l'innocence dont il avait besoin. deuxième interprétation de l'espion pour jean dujardin, oss a été porté treize fois en tout à l'écran (dont une avec michel piccoli dans le bal des espions en 1960). créé par jean brochet, alias jean bruce (1921-1963) en 1957, le personnage d'hubert bonisseur de la bath est à l'origine un agent franco-américain travaillant pour l'office of strategic services (oss, donc), département de renseignements et d'opérations clandestines créé en 1942 après l'entrée des états-unis en guerre et remplacé en 1946 par le cig (central intelligence group) sur ordre du président harry truman. à la mort de l'écrivain, d'un accident de voiture, c'est son épouse josette (décédée en 1996) qui continuera l'écriture des aventures du héros.

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