wall-e

Walle_2 réal. andrew stanton, avec les voix de philippe bozo, marie-eugénie maréchal et… pascale clark. 97', 2008. 4 pouces

le synopsis
cela fait 700 ans que les hommes ont déserté une planète devenue irrespirable et dangereuse, tant les déchets et la pollution ont atteint des sommets. seul un petit robot de la firme wall-e est resté sur place pour nettoyer les dégâts. un jour une sonde débarque à la recherche de quelque chose…

l'avis
pas moyen de faire autrement que de se joindre aux concerts de louanges planétaires que ce film suscite. à une exception près (et elle est de taille), la perfection n'est plus un vague concept. ce film d'animation ne ressemble en effet pas à un film d'animation: ils réussissent à faire croire que les scènes ont réellement été "filmées". comment? en faisant bouger certains…

… plans, comme s'il y avait une caméra et que celle-ci était portée à l'épaule, ou par la lumière qui donne à l'image un réalisme hallucinant, ou encore des focales précises, créant des différences de profondeur de champ, des zones floues dans le cadre, auxquelles personne n'avait jamais pensé jusqu'ici dans le cinéma d'animation en 3D, pas même pixar. du coup, le réalisme déjà impressionnant en est encore renforcé. l'histoire est celle de l'amour (im)possible entre deux robots que tout sépare, faisant de quelques bouts de ferraille et d'un concentré de technologie des êtres bien plus bourrés d'humanité que l'humanité elle-même. le message, qui tient d'ailleurs plus du constat, est d'un pessimisme (certains diront d'une lucidité) effarant. il est d'ailleurs très précurseur quand on sait que l'idée date de 1995. si bien qu'on sort de ce film vaguement triste, pas aussi émerveillé qu'on s'attendait à l'être, un peu comme après la projection de a.i., le film de spielberg. damned! on pensait verser une larme en assistant ébloui aux aventures de ce petit robot tout chou, et voilà qu'on finit par pleurer sur notre sort. c'est peut-être parce que, au-delà du pur divertissement, ce film pose la question de notre responsabilité vis-à-vis de la planète et nous renvoie une image véritablement détestable de nous-mêmes, pauvres humains. s'il s'ajoute à la nuée de films traitant de ce sujet plus que d'actualité, et qu'on pourrait, à tort, arguer que son propos est opportuniste, on peut affirmer sans trop de risque qu'il fera date.

les coulisses
wall-e est l'acronyme de Waste Allocation Load Lifter Earth-class, autrement dit "compacteur de déchets, catégorie terre". eve, sa petite compagne (et le nom n'a bien évidemment pas été choisi au hasard) est l'acronyme de Extra-terrestrial Vegetation Evaluator, c'est-à-dire "évaluateur de végétation extraterrestre", ou plutôt, ce qui serait plus juste, "évaluateur extraterrestre de végétation". mais évidemment, dans cet ordre-là, ça ne fonctionne plus. c'est en 1995 que l'idée du film vient à andrew stanton, l'une des clés de voûte de pixar, alors qu'il travaille sur monstres & co. mais à l'époque, la technologie nécessaire à la réalisation d'une telle entreprise n'existait pas. et personne ne voulait investir dans une telle histoire. patient et acharné, stanton attendra son heure. et comme chaque film pixar, c'est-à-dire au fond chaque idée, est un nouveau moyen de faire avancer la technologie, de fil en aiguille, de film en film, il finit par disposer de ce qu'il voulait: les moyens financiers ET techniques. de plus, après le succès du monde de nemo, qu'il réalise, et de ratatouille, qu'il produit, on ne peut plus rien lui refuser. une écrasante partie du film repose évidemment sur le sound design. les mondes dépeints étant remplis de machines, la bande son se devait d'être bourrée à craquer de bruits de synthèse, notamment, qui n'en véhiculent pas moins des émotions. c'est ben burtt, sound designer de génie, qui s'y est collé. créateur de l'habillage sonore de la saga star wars – on lui doit tous les bruits des films, notamment ceux de r2d2 et des droïdes qui peuplent la galaxie de george lucas. les clins d'oeil à apple parsèment également le film: wall-e regarde un film sur un ipod, l'alerte sonore indiquant que ses batteries sont rechargées est celle du démarrage des macintosh, et eve a un look très ipod, pas étonnant puisqu'elle a été imaginée par le designer jonathan ive, à qui l'on doit l'ipod justement. comment se fait-il que quoi-t-est-ce? tout simplement parce que steve jobs, papa d'apple, n'est autre que le cofondateur des studios d'animation pixar (1986). et ce ne sont bien sûr pas les seules références: 2001, l'odyssée de l'espace, avec l'oeil rond et rouge de l'autopilote, qui rappelle celui de l'inquiétant ordinateur hal 9000 du film de kubrick, avec le nom du petit cafard, ami de wall-e sur terre (hal), ou avec la musique accompagnant le moment où le commandant décide de se lever et de marcher (ainsi parlait zarathoustra). et jusqu'à la référence dans la référence, puisque sigourney weaver prête sa voix à l'ordinateur de bord sur le vaisseau, ce qui est assez ironique quand on sait les problèmes que son personnage du lieutenant ellen ripley avait avec les ordinateurs dans alien, le huitième passager. à noter au passage que la voix française de ce "personnage" est celle de pascale clark, journaliste de canal+ célèbre pour feue son émission en aparté, remplacée par la moins intéressante un café l'addition. enfin wall-e est le premier film pixar mêlant images de synthèse et images réelles, ajoutant encore à un réalisme déjà confondant. le seul regret (et c'est le bémol que je mettais à la notion de perfection du début) est le traitement trop "dessin animé" de l'humain. je sais, l'homme est très caricaturé dans ce film, dans 800 ans, si ce n'est pas avant, il ressemblera sans doute à ça, et on comprend bien que la volonté de réalisme s'est arrêtée quand il s'est agi de montrer la race humaine, précisément pour la caricaturer. mais quand même, le message y aurait peut-être gagné en force, même si le film n'aurait très probablement pas été le même. cela dit, je trouve que ça finit par affaiblir un peu l'ensemble: le film redevient tout à coup un dessin animé en images de synthèse, alors qu'on avait tout fait jusque-là pour nous convaincre qu'il s'agissait d'un vrai film…

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