réal. m. night shyamalan, int. mark wahlberg, jooey deschanel. john leguizamo. 90', 2008. 3 pouces.
le synopsis
à central park, des centaines de personnes s'arrêtent brusquement de marcher et se suicident. au même moment, sur un chantier, des ouvriers tombent par grappes du haut d'un immeuble en construction. et le phénomène s'étend très vite à toute la côte est des états-unis. ce qui apparaît de prime abord comme une attaque terroriste est en fait, comme le soupçonne elliot moore (wahlberg), beaucoup plus implacable…
l'avis
les humains sont-ils allés trop loin? c'est la question à laquelle shyamalan tente de répondre en véhiculant un message sinon actuel, du moins à la mode, par le biais d'un levier qu'il connaît bien – le fantastique – et qui…
… fait mouche à chaque fois: on se souvient d'autant mieux d'un événement si on l'a vécu dans la peur. cela dit, ne nous affolons pas, le film n'est pas un chef-d'oeuvre. il se situe à mi-chemin entre le trait de génie de 6e sens et le bide monstrueux de la jeune fille de l'eau. le réalisateur lui-même a déclaré avoir aimé s'éloigner du style qui a fait sa réputation – les fins totalement inattendues – pour raconter une histoire "qui n'est qu'une histoire". en l'occurrence ces suicides et ces morts soudaines, brutales, inexplicables, en masse (ressort fantastique) qui se révèlent scientifiquement explicables. car une théorie existe bel et bien sur ce genre de phénomène (non, je ne lâcherai pas le morceau, il vous faudra aller voir le film). pas besoin d'être devin pour percevoir l'intention de shymalan derrière ces images de morts violentes: marquer les esprits, certes, mais surtout nous faire réfléchir sur notre irresponsabilité (n'insistez pas, je ne dirai rien). seulement voilà: sa mise en scène, faite de longs mouvements de caméra et de plans fixes, celle-là même qui servait parfaitement l'histoire dans 6e sens, cette mise en scène plombe un suspense qui promettait d'être haletant, comme l'étaient les thrillers des années '50, comme l'invasion des profanateurs, auquel le réalisateur prétend rendre hommage, et tire le spectateur (en l'occurrence moi) vers un demi-sommeil un rien coupable dont il ressort pour se demander si shyamalan n'a pas coupé au montage son incontournable apparition à l'écran (vous me direz à l'occaz?). comme souvent, la bande-annonce est beaucoup plus punchy et angoissante que ne l'est le film. tout ça semble confirmer un adage bien connu: les coups de génie ne se produisent en général qu'une fois. en deux mots, à éviter.
les coulisses
après 6e sens, incassable, signes, le village et la jeune fille de l'eau, phénomènes (the happening en v.o.) est le 6e long-métrage de manoj night (ou nelliyattu) shyamalan, réalisateur-scénariste-producteur-acteur né le 6 août 1970 à pondicherry, en inde, mais élevé en pennsylvanie, dans la banlieue chic de philadelphie. sans dresser de comparaison hâtive et cavalière, c'est d'ailleurs souvent dans cette ville que se situent ses films, un peu comme manhattan dans les films de woody allen (jusqu'à récemment du moins). coïncidence ou hommage? quoi qu'il en soit, dans ce cas précis, même si l'action du film commence à new york city, elle est très vite ramenée, devinez où, eh oui, à philadelphie, où vit le personnage principal et sa famille (wahlberg). shyamalan a fait jouer au frère de mark wahlberg, donnie (l'excellent interprète de l'inspecteur joel stevens dans boomtown), un petit rôle (petit par la durée à l'écran mais essentiel finalement pour l'histoire) au tout début de 6e sens. né le 5 juin 1971 à dorchester, dans le massachussetts, mark wahlberg a un parcours désormais connu: musical tout d'abord, avec son frère donnie, dans le groupe new kids on the block, qu'il quitte très vite pour rencontrer le succès avec le groupe de rap funky brunch. puis il pose pour herb ritts et bruce weber pour la campagne calvin klein sous le nom de marky mark. et ce sont les débuts au cinéma: première apparition dans opération shakespeare (penny marshall) en 1994, premier rôle important avec dicaprio dans basketball diaries (scott kalvert) en 1995 et enfin premier succès critique pour son rôle de star du porno dans boogie nights (paul thomas anderson) en 1998. on a pu le voir plus récemment dans la planète des singes (tim burton), les infiltrés (martin scorsese) ou la nuit nous appartient (james gray). plus habitué aux rôles nerveux, wahlberg a avoué que ce rôle de prof de sciences calme et sensible était plutôt nouveau pour lui. shyamalan a eu envie de tourner avec wahlberg dès qu'il l'a vu dans les rois du désert (david o. russell, 2000).