molière

Molire

 

 

 

 

réal. laurent tirard, int. romain duris, fabrice luchini, laura morante. 2006, 120′. 4 pouces.

le synopsis
1644, jean-baptiste poquelin a 22 ans. criblé de dettes et s’entêtant à écrire des tragédies pour lesquelles il est mauvais, il est jeté en prison à cause de créanciers impatients. à sa sortie, il disparaît plusieurs mois…

l’avis
ce film n’est pas une biographie de molière, contrairement à celui qu’avait réalisé, 29 ans plus tôt, ariane mnouchkine, mais part d’une question simple et qui n’a apparemment toujours pas été tranchée: qu’est-il advenu de molière durant les quelques mois qui ont suivi sa sortie de prison et qui ont précédé la tournée qui l’a rendu célèbre. car les biographies des années 50 parlent d’une disparition de plusieurs mois, fait qui a été remis en cause depuis. le coeur de l’histoire se concentre donc sur cette période un peu floue de la vie de l’écrivain et part du principe que les événements qu’il vivra conditionneront la suite de son oeuvre. intelligent dans son parti pris comme dans sa construction, drôle, extrêmement bien interprété par un romain duris décidément de plus en plus intéressant, un fabrice luchini qui ne peut s’empêcher de faire du luchini (mais qui le lui reprocherait?), une laura morante belle à damner un dévôt et un edouard baer surprenant de non-edouard-baeritude (pour une fois), molière est de la même veine que shakespeare in love de john madden (1995). il s’interroge sur la richesse d’un artiste à partir d’un fait ou d’une période de sa vie, et plus généralement sur les sources de l’inspiration. réjouissant et jubilatoire.

les coulisses
trouver un comédien qui interpréterait molière n’était pas chose facile. romain duris n’avait fait jusque-là ni de théâtre ni de théâtre classique. de plus, le molière du film est très souvent spectateur: un comédien sans présence aurait vite été effacé. mais lorsqu’au troisième jour de tournage, il devait interpréter les fourberies de scapin, l’acteur a sidéré tout le monde. amoureux du verbe, spécialiste du texte et de la langue française, fabrice luchini n’a curieusement pas accepté tout de suite de jouer l’imbécile heureux, complètement ridicule et totalement inculte monsieur jourdain, craignant que le réalisateur avait à l’esprit la volonté perverse de l’humilier. au cours de son escapade, molière rencontre des individus qui inspireront plus tard les personnages de ses farces. laurent tirard et grégoire vigneron, scénaristes et dialoguistes, ont dû éliminer beaucoup de ces personnages, en fusionnant parfois plusieurs en un seul. ainsi célimène (ludivine sagnier) est un mélange de la célimène du misanthrope, de la philaminte des femmes savantes et elle est entourée des précieuses ridicules. monsieur jourdain (luchini) combine orgon de tartuffe et chrysale des femmes savantes. dorante (baer) se trouve dans le bourgeois gentilhomme et l’école des femmes et l’épouse de monsieur jourdain se prénomme, comme celle d’orgon dans tartuffe, elmire (laura morante). cela dit, la vie de molière a déjà été adaptée pour le grand écran, notamment en 1909 par léonce perret, interprété par abel gance himself, et bien sûr en 1978 par une grande figure du théâtre français, ariane mnouchkine, dans un film-fleuve de 4 heures interprété par le grand philippe caubère.

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