le parfum: histoire d’un meurtrier

Le parfum
réal. tom tykwer, int. ben whishaw, dustin hoffman, rachel hurd-wood, alan rickman, d’après le roman de patrick süskind. 2006, 150′. 4 pouces.

l’avis
certains disent que c’est une excellente adaptation du roman. sans doute. on a beau préférer venir voir un film avec le moins de préjugés possible, on se livre presque machinalement à l’exercice de la comparaison. cela dit, on a déjà vu pire (da vinci), plus vulgarisateur (un homme d’exception), plus servile (le premier harry potter) ou littéral (chronique d’une mort annoncée), mais aussi plus intelligent (le seigneur des anneaux). le parfum était déclaré inadaptable par son propre auteur (kubrick et scorsese, excusez du peu, ne s’y étaient-ils pas…

cassés les dents?). car toute la difficulté, on s’en doute, consistait à imposer les odeurs avec la même évidence par l’image que par le verbe. et voilà que tom tykwer, cinéaste de 41 ans à la filmographie encore modeste mais remarquée (4 films, dont cours, lola, cours et le parfum), nous offre un film non seulement clair mais dont le « réalisme social » est pour beaucoup dans notre reconstitution mentale des senteurs (ou des puanteurs). ceux qui ont lu le livre il y a longtemps constateront qu’à mesure que l’histoire progresse, les passages correspondants du roman reviennent en mémoire. ainsi l’épisode de la grotte a été singulièrement raccourci: de quelques années, il passe à quelques jours, le réalisateur ayant sacrifié la profondeur et la ténacité du personnage sur l’autel de l’unité de temps. en effet, s’il se cache au milieu de nulle part, c’est pour se purifier, se (re)trouver. c’est là en effet qu’il découvre que, lui qui a reçu ce don du ciel, ce nez si exceptionnel capable d’emmagasiner, de reconnaître et de restituer des milliers d’odeurs, mais aussi de (re)créer des parfums sans même en connaître la formule, lui-même ne dégage aucune odeur. « l’odeur est l’âme de quelqu’un », déclare grenouille. or quand on n’a pas d’odeur, on est invisible aux yeux (au nez) d’autrui, on n’existe pas, on n’a pas d’âme. la démarche du personnage est donc celle d’un voyage initiatique qui le mènera au bout du compte à la découverte du pouvoir absolu. une démarche dont on peine à croire qu’il la mène à bien en quelques jours. de même, jean-baptiste grenouille est un être coriace, obstiné, acharné. dans le livre, ce séjour de plusieurs années dans la grotte le conforte plus que jamais dans la poursuite de son but. cette ténacité, le réalisateur a sans doute estimé qu’il l’avait suffisamment établie auparavant. dernier petit « détail » qui a son importance dans l’appréciation du film: l’histoire se passe en france, à paris et en provence, les personnages sont, pour la plupart, français ou s’ils ne le sont pas, s’expriment en français. pourquoi diable aller voir raconter cette histoire en anglais, avec des acteurs, excellents au demeurant, qui n’arrivent même pas à prononcer le nom de héros correctement? moi qui suis un fervent défenseur de la v.o., pour une fois, je conseille la v.f. mais rassurez-vous, elle est très bien…

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