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réal. cédric jimenez, scénario david farr, audrey diwan et cédric jimenez, d’après le roman de laurent binet, int. jason clarke, rosamund pike, jack o’connell, jack reynor, stephen graham, mia wasikowska, céline salette, gilles lellouche. 2017, 120′. 3 pouces

le synopsis
l’ascension fulgurante de reinhard heydrich (clarke), militaire déchu, poussé vers l’idéologie nazie par…

… sa femme lina (pike), devenu le bras armé de heinrich himmler et l’artisan de la solution finale.

l’avis
adapté du roman éponyme de laurent binet (qui remporte le prix goncourt 2010 du premier roman, excusez du peu), dont le titre, faut-il le rappeler, signifie « Himmlers Hirn heisst Heydrich » (le cerveau de Himmler s’appelle Heydrich), le film raconte donc, en abrégé, le parcours fulgurant de ce sociopathe à qui hitler confia la tâche d’exterminer les juifs de bohême-moldavie, province partagée à l’époque entre la république de moldavie, la roumanie et l’ukraine, et dont il avait été nommé vice-gouverneur. son poste suivant devait être paris où il aurait appliqué sa « solution finale », son programme d’épuration à plus grande échelle, c’est-à-dire l’éradication totale des juifs d’europe.

je n’ai pas lu le roman et ne peux donc juger ni de la fidélité au livre ni de la qualité de l’adaptation.

mais si je mets de côté ce dernier aspect, je dirais que l’impression que laisse le film est celle d’un survol. on aurait aimé entrer davantage dans la tête de ce tueur en série « officiel ». qu’est-ce qui l’a poussé (qu’est-ce qui peut pousser un homme) à commettre de telles atrocités? l’amertume? la soif de pouvoir? la vengeance? la quête de gloire? le besoin viscéral de reconnaissance? l’impunité? tout à la fois? en gardant bien à l’esprit qu’expliquer n’est pas excuser. encore heureux.

certes on suit le parcours de heydrich et les quelques scènes « intimes » dont le film est parsemé nous renseignent un peu sur sa personnalité. comme celle de la leçon de piano dispensée à son fils, censée indiquer son exigence et son goût pour la musique, son père musicien l’ayant prénommé ainsi en référence au personnage de l’opéra amen qu’il avait composé. très cliché, le nazi mélomane, mais vrai en l’occurrence. à part ça, la trame se perd un peu par la suite (et perd donc en intérêt) avec l’histoire des deux résistants (et de leur histoire d’amour dont on se fiche éperdument) qui se sont portés volontaires pour assassiner le dignitaire nazi.

le film a beau montrer les débuts du massacre systématique des juifs, les rafles, les pelotons d’exécution qui fusillaient à la chaîne, images qui nous renvoient par ailleurs à celles qui font aujourd’hui partie intégrante de notre inconscient collectif, il a beau essayer de produire sur nous l’effet glaçant d’un souvenir de terreur qui met face à face avec l’effrayante extrémité dont seul l’homme est parfois capable, le paradoxe, c’est qu’il ne parvient jamais à nous faire « ressentir » l’horreur que heydrich a semée autour de lui au cours de sa « brillante » mais relativement courte carrière.

le film n’est pas inintéressant, mais aurait gagné en profondeur s’il s’était davantage attardé sur la psychologie du personnage. mais, encore une fois, le scénario est peut-être une adaptation très fidèle du roman.

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