réal. denis villeneuve, scénario michael green, hampton fancher, int. ryan gosling, harrison ford, jared leto, ana de armas, sylvia hoeks, robin wright, edward james olmos, dave bautista. 2017, 164′. 3,5 pouces
le synopsis
los angeles, 2049. k (gosling) est un blade runner chargé d’éliminer les répliquants. lorsqu’il découvre…
… un secret enfoui depuis des années, il devient lui-même une cible. son seul espoir est de retrouver rick deckard (ford), ancien blade runner disparu depuis des années…
l’avis
ils sont nombreux à avoir dépeint un avenir glauque – pollution, surpopulation, chaos, entreprises monopolistiques -, comme si l’humanité n’était capable que du pire, qu’elle ne pouvait courir qu’à sa perte en se forgeant un futur forcément destructeur. depuis belle lurette, la science-fiction se révèle une fois sur deux prémonitoire.
en 1982, ridley scott avait placé son histoire dans un los angeles gothico-futuriste que mary shelley n’aurait pas renié. les bâtiments la plupart du temps délabrés (le bradbury, où vit j.f. sebastian) ou transpirant l’alien (l’ennis-brown house, où vit deckard), une pluie incessante, une nuit sans fin, un étouffement quasi permanent, avaient contribué alors à créer un univers irrémédiablement déprimant et durablement mémorable. au-delà du choc visuel – scott avait planté le décor d’un polar futuriste comme on n’en avait alors rarement vu -, le film posait, en trame de fond, la question de ce qui fait notre humanité. la difficulté pour la suite était donc de relever le défi d’apporter des réponses à ce questionnement.
35 ans plus tard (30 ans dans le film) et avec l’aide de hampton fancher, scénariste du premier opus, denis villeneuve n’avait d’autre choix que celui de pousser ce questionnement un cran plus loin en évitant l’écueil de construire un film purement d’action (ce que blade runner n’a jamais été). si son film souffre de longueurs et d’un rythme inégal, il s’inscrit à mon sens dans la droite ligne de l’original en ceci que son film se déroule dans un futur « visuellement empiré ». los angeles, en effet, est noyée sous une pollution telle qu’on ne perçoit même plus l’horizon – ce qui lui fournit l’occasion de construire des plans splendides aux ambiances bien distinctes – et san diego est devenue le dépotoire de la mégapole (effrayant, ce plan suffit à lui seul résumer l’avenir de l’humanité). la tyrell corporation a fait faillite après le meurtre de son fondateur (par roy dans le premier film), mais niander wallace (leto) a relancé le business des répliquants en inventant une autre forme de répliquant, plus « humain » que les versions précédentes, et qu’il voudrait produire à grande échelle.
contrairement au premier film, qui était avant tout, toujours selon moi, un polar futuriste, blade runner 2049 fait passer au premier plan la quête d’identité, la recherche de ses origines et le questionnement sur notre humanité, au risque de décevoir le spectateur venu voir un film de science-fiction ou simplement d’action.
dans le premier film, roy mourait résigné, sous une pluie sale, replié sur lui-même, avant le lever du jour. dans celui-ci, k meurt délivré, le visage tourné vers le ciel, dans le blanc immaculé de la neige.
le film est visuellement superbe et très surprenant, quasi onirique, sur la fin. il s’approche un peu plus de la science-fiction que ne le faisait le premier opus. on aime ou pas. moi j’ai aimé.