réal. nicolas winding refn, scénario nicolas winding refn, mary laws, polly stenham, int. elle fanning, jena malone, belle heathcote, abbey lee, reanu reeves, christina hendricks, karl glusman, desmond harrington. 2016, 117′. 3 pouces
le synopsis
orpheline de 16 ans, jesse (fanning) débarque de son bled à los angeles dans l’espoir de faire carrière dans le mannequinat. sa beauté naturelle…
… éclipse celle d’autres mannequins d’expérience et suscite des jalousies…
l’avis
avec ses trois précédents longs métrages (le guerrier silencieux, 2009, drive, 2011, et only god forgives, 2013), refn avait surpris par un cinéma à la fois esthétique et violent, épuré et riche de sens. des films-coup de poing, tant par la simplicité que par l’extrême radicalité avec laquelle le cinéaste abordait ses sujets. la démarche n’est pas différente ici, à tel point que l’on peut désormais parler d’un « style refn ».
certains ont cependant reproché au danois d’avoir privilégié, pour son 11e film, l’esthétisme au détriment du scénario, attendant avec impatience, dans son prochain métrage – barbarella, sortie prévue en 2017 -, un retour à un « cinéma d’histoire ». certes, il ne fait que jeter un regard (sans complaisance, comme à son habitude) sur un univers d’une vacuité abyssale, où clichés et poncifs sont légion. mais décrire, n’est-ce pas un peu dénoncer? la mode et son univers impitoyable (que refn ponctue d’une musique électro très tendance qui, rappelant les défilés des fashion weeks, est presque un personnage à elle seule), où les méchants sont très méchants et les gentils sont finalement méchants, où l’apparence est tout, où l’innocence et la candeur n’ont aucune place, où la pureté est convoitée jusqu’à commettre l’irréparable et risquer le point de non-retour en bravant les derniers tabous de l’humanité. innocence et candeur qui ne le restent pas longtemps d’ailleurs, la jeune jesse prenant très vite conscience de son pouvoir, de sa supériorité sur ses rivales, une supériorité qui lui sera bien sûr fatale car, la jeune fille connaissant une renommée fulgurante, elle n’aura pas eu le temps de se construire dans ce monde nouveau pour elle, et donc de construire sa capacité à se défendre.
le film est une « métaphore à l’envers », dans le sens qu’il nous donne à voir au sens propre ce qui d’habitude est compris au sens figuré. ce qui lui a valu l’étiquette de « film d’horreur ». que les non-amateurs de ce genre se rassurent, ce film n’a absolument rien d’un film d’horreur, et je sais de quoi je parle. et ce ne sont pas quelques courtes scènes horrifiques (un peu dégueu, d’ailleurs) à la fin qui justifieront cette appellation.
the neon demon est à l’image du monde qu’il dépeint: beau et vain à la fois. en ce sens, sans être un chef-d’oeuvre, il est totalement réussi.