la musique du générique de chapeau melon et bottes de cuir – signée laurie johnson – a littéralement bercé mon enfance. chaque fois que je l’entendais, je me mettais à courir au salon pour m’asseoir avec mon papa devant la télé. car l’épisode…
… était à chaque fois l’occasion de se réunir et de savourer religieusement un moment privilégié, une sorte de cocon où rien ne pouvait, rien ne pourrait jamais, nous arriver. puis j’ai grandi mais la musique, intacte de fraîcheur et de justesse, et gravant ce plaisir cathodique dans l’airain de l’éternité, me ramenait instantanément et systématiquement dans ces heures de bonheur pur. puis, contrairement au plaisir, j’ai vieilli. certaines choses sont immuables. john steed faisait partie, avec james west, joe mannix, david vincent et jim phelps, et plus tard, steve austin, danny wilde & brett sinclair, et starsky & hutch, de ce club très fermé « d’amis intimes » du petit écran qui ont contribué, d’une certaine manière, à construire l’homme que je suis devenu. bien qu’il ne dédaignât pas, de loin en loin, faire goûter de ses phalanges à des adversaires inconscients, john steed était l’incarnation de l’élégance toute britannique et opposait à la bêtise l’humour, arme bien plus redoutable que toutes celles qu’imaginaient ses vilains contemporains et qui lui permettait toujours de les dépasser de plusieurs têtes.
john steed, c’était patrick macnee. je sais, les héros sont éternels et il me reste les dvd. n’empêche, lui s’est éteint hier à l’âge vénérable de 93 ans et moi j’ai perdu un ami.