un balcon sur la mer

un balcon sur la mer
réal. nicole garcia, scénario nicole garcia, jacques fieschi, int. jean dujardin, marie-josée croze, sandrine kiberlain, toni servillo, michel aumont. 2010, 105′. 3 pouces.

le synopsis
un agent immobilier (dujardin) retrouve, au détour d’une transaction, l’amour d’enfance qu’il avait perdue de vue depuis des années. troublé, il…

… se rendra compte que les souvenirs peuvent parfois jouer des tours.

l’avis
ce « thriller des sentiments », comme il a été qualifié, est un film sur la quête amoureuse, avec tout ce qu’elle implique de doute et de souffrance. nicole garcia prend le parti de réunir ses deux personnages, après tant d’années, puis de les séparer, pour les réunir à nouveau. si bien que l’homme et la femme ne sont pas dans le même plan pendant plus de la moitié du film. marc palestro (dujardin) a vécu son enfance à oran et y a été amoureux de cathy (solène forveille), une voisine de son âge. mais cet amour a été tué dans l’oeuf par le départ (déchirant) de sa famille pour la france (une métaphore des blessures de l’algérie?). ainsi, au fil de ans, il a inconsciemment effacé certaines choses de sa mémoire: la fille du droguiste et le lynchage de l’algérien sur la plage, par exemple.

le film raconte la confrontation avec les souvenirs, qu’on idéalise toujours lorsqu’ils sont heureux, le retour inopiné de la douleur et l’espoir de revivre ces années d’insouciance et de bonheur. lors d’un rendez-vous, marc se trouve en présence de celle qu’il reconnaît comme son amour d’enfance, devenue jeune et jolie femme. c’est alors que s’offre à lui la possibilité d’aboutir cette quête inachevée.

mais le personnage n’est-il pas finalement amoureux de son souvenir, comme nous le serions tous, au détriment de la vérité? la femme qu’il croit retrouver et à laquelle il croit pouvoir enfin donner son amour n’est-elle pas, au fond, le déclencheur d’une crise existentielle plus profonde, un mal-être insupportable et une frustration sourde qu’il trimballe depuis ses jeunes années?

cette quête, qu’il découvrira en chemin reposant sur une manipulation, lui sera au bout du compte, salutaire. à ce titre, les deux répliques de la dernière séquence – elle: je t’attendais…, lui (avec un double sens): j’étais perdu… – résument parfaitement le propos du film.

il n’est pas anodin que marie-jeanne (croze) fasse du théâtre en amateur (elle semble moins douée sur scène qu’en tant que manipulatrice), et cela à double titre: parce que cathy en avait fait avec marc (la pièce qu’elle joue à la fin du film – iphigénie – est celle que marc avait joué avec cathy à oran), et parce que, perdue et se composant un personnage vis-à-vis de marc, elle se pare d’apparences, se rapprochant ainsi d’une actrice se jouant d’elle-même. intelligent.

intéressant et déroutant, un balcon… fait partie de ces films qui racontent des histoires qui provoquent des questionnements. j’aime.

brèves de coulisses…
bon, on ne va pas faire l’éloge de jean dujardin, on parle assez de lui dans les media car il est au top actuellement (5 longs métrages en production après les infidèles) et c’est très bien. ici, j’ai trouvé qu’il n’était pas tout à fait aussi convaincant que dans le bruit des glaçons (bertrand blier, 2010) et surtout dans contre-enquête (franck mancuso, 2007). mais bon, il est pas mal quand même dans son rôle de mec faussement banal qui cache de profondes fêlures. en revanche, marie-josée croze, actrice canadienne superbe et femme magnifique, est parfaite dans ce rôle de femme « fatale » qui joue sur les souvenirs de l’homme qu’elle connut enfant. elle qui semble aussi mener sa carrière tambour battant avec 4 films et séries en production, elle est très à l’aise dans les rôles de femmes mystérieuses (ne le dis à personne, guillaume canet, 2006; je l’aimais, zabou breitman, 2009), sans y être toutefois abonnée. nicole garcia est née à oran, tout comme son coscénariste jacques fieschi, et déclare avoir développé un rapport très tranquille à son enfance. en cela, son film n’est pas autobiographique.

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