tim burton à la cinémathèque française de paris

Tim burton l'expo

dépêchez-vous, il n’y est plus que jusqu’à dimanche!

autant le dire tout de go: cette expo est vachement bien! même les fans de la première heure ont dû y apprendre des choses qui jusque-là étaient tues (rlututu), non par malice mais parce que l’occasion de réunir tout ce matériel, pour partie…


… inédit, ne s’était jamais présentée.

or donc, si on ne présente plus tim burton, paradoxalement, il y a ici des choses qu’on n’imaginait pas découvrir un jour sur ce trublion perpétuellement mal rasé et décoiffé qui garde ses lunettes noires même la nuit (et je sais de quoi je parle). car au fond, on ne connaît de lui que ses films (quelques-uns, au pire, toute sa filmo, au mieux).

c’est oublier un peu vite que derrière cette façade connue, il y a un univers foisonnant peuplé de créatures bizarres – parfois gore, parfois effrayantes – et d’humour méconnu (je me suis surpris à ne plus pouvoir me reprendre, tellement je riais devant certains de ses dessins), il y a une créativité débridée mais bien maîtrisée, il y a un vieil adolescent timide et mal dans sa peau qui se sentit beaucoup mieux le jour où il décida que c’était plus important à ses yeux d’aimer dessiner que de plaire avec ses dessins, il y a enfin un trait, des formes, un esprit que l’on voit – au fil de l’expo – s’affiner avec le temps et qui n’appartiennent décidément qu’à lui. pour un peu, on appellerait son univers « le monde merveilleux de tim burton ». car pour burton, fantastique et comédie ne sont pas antagonistes. il a même toujours cherché à les associer. et c’est justement ce qui fait que son style charme et dérange, sans jamais aller jusqu’à repousser. qu’on aime ou pas ses films, qu’ils aient été originaux, de commande ou remakes, on ne peut nier qu’il y a définitivement imprimé son style.

très jeune, timothy william burton (sur un panneau de l’expo, il est indiqué que son 2ème prénom est walter MDR) se met à écrire des petits contes en vers qu’il illustre lui-même, essayant même de se faire publier, et à filmer des saynètes en stop-motion (animation image par mage), seul ou avec des copains, préfigurant les futurs vincent, frankenweenie et autres étrange noël de monsieur jack. dans cette banlieue de los angeles où il est né (burbank) et ne se sentira jamais vraiment à sa place, il remporte un concours pour une campagne de pub et intègre, à 19 ans, la prestigieuse calarts (california institute of the arts), fondée par walt disney et destinée à former les futures générations d’artistes. son diplôme en poche, il est engagé par les studios disney grâce à son court-métrage de fin d’études stalk of the celery monster (curieusement traduit par la branche du monstre céleri). mais ce qui avait d’abord plu aux studios (son originalité) finira par leur déplaire car le jeune homme ne correspond pas à la politique politiquement correcte de l’institution. en attendant, il travaille sur rox et rouky en tant qu’apprenti animateur (1981) et taram et le chaudron magique (1985) en qualité d’artiste-concepteur. et, alors qu’il travaille toujours chez disney, il réussira même à réaliser différents courts-métrages, dont son premier officiel, vincent (1982), conte sombre dont le narrateur n’est autre que son idole, vincent price, mais qui ne sera diffusé que brièvement (car jugé trop sombre, justement), hansel et gretel, qui ne sera diffusé qu’une seule fois sur la chaîne câblée disney (et qui a sûrement dû en traumatiser plus d’un) et frankenweenie (1984). à propos de ce dernier, et vu qu’entre-temps burton est devenu un réalisateur incontournable et très bankable, les studios (bande de faux-cul) ont décidé d’en financer l’adaptation en long-métrage et ont même lancé (toujours faux-cul) une exposition itinérante mondiale sur l’art du film frankenweenie (comprenez le stop-motion, technique que burton a également utilisée – avec quelle maestria! – sur l’étrange noël de monsieur jack et noces funèbres). en 1985, il rencontre celui qui écrira les musiques de pratiquement tous ses films, danny elfman, et réalisera la même année le long-métrage qui impose au monde entier sa sensibilité et lance véritablement sa carrière: pee wee big adventure.

certes la facture a évolué – quoique, vincent n’était pas très loin, il y a trente ans, de la perfection technique de noces funèbres -, mais la fraîcheur des débuts demeure, même si l’esprit reste sombre. et c’est ça qui plaît. je vous conseille aussi, pour 49 petits euros, le livre qui regroupe toute son oeuvre – des gribouillis sur des nappes de restos au travail publié -, et que 3 de ses amis ont édité malgré les réticences de l’artiste. une bible indispensable pour tout amateur qui se respecte et dont, vous l’aurez compris, je fais bien sûr partie…

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