lundi ou mardi soir, je regardais la boîte à questions du grand journal avec jean-louis borloo. à la question d’un internaute « votre coupe de cheveux vous fait ressembler à quel acteur? » il avait répondu « peut-être à peter falk, …
… mais je crois qu’il est mort non? je me souviens m’être dit « ah oui au fait… mais non il est encore vivant… » ben voilà, par une étrange coïncidence, à peine quelques jours plus tard, on apprend que notre lieutenant de police préféré s’en est allé.
avant falk, columbo (orthographié « colombo » dans quelques épisodes passés en france, à ne pas confondre avec « beau côlon » chez les guignols) avait déjà été interprété deux fois, respectivement en 60 et 62. le personnage de columbo apparaît véritablement en 1967 dans un téléfilm (inculpé de meurtre, tiré d’une pièce de théâtre qui sera d’ailleurs jouée à paris en 2006 avec l’imitateur pascal brunner) considéré à tort comme le pilote, le premier épisode (le livre témoin) datant en fait de 1971.
69 épisodes (seulement) en 18 saisons (de 1971 à 1978, puis de 1989 à 2003), qu’il traînait sa dégaine inimitable, sa fausse naïveté et son extraordinaire perspicacité. 69 épisodes et autant d’enquêtes résolues, avec des meurtriers retors, souvent coriaces et le plus souvent supérieurement intelligents. indissociable du personnage, comme son basset hound (appelé le chien), son imper miteux, son cigare à moitié mâchouillé ou sa femme (que l’on ne verra jamais mais qui aura sa série spin off – madame columbo, avec kate mulgrew, qui sera rapidement arrêtée tant l’accueil sera mauvais), sa célèbre peugeot 403 décapotable, a elle aussi une histoire. l’acteur refuse tous les modèles que lui propose la production, jusqu’à ce qu’il croise par hasard l’acteur français roger pierre, venu aux états-unis avec sa voiture. il en tombe amoureux et rachète la voiture séance tenante. reparti à pied, roger pierre rentrera en france pour raconter son amusante histoire. outre le fait que le meurtre se déroule toujours au début de l’épisode et que le spectateur connaît l’assassin, columbo a ceci de particulier qu’il n’y a pas de générique commun à tous les épisodes, seulement un air (this old man) que le personnage principal sifflotte ou fredonne de temps en temps, et qui sera orchestré par la suite. le personnage n’a, en principe, pas de prénom. cependant, dans l’épisode poids mort (3ème de la 1ère saison), on peut lire sur sa carte de lieutenant de police (et en faisant un arrêt sur image) le prénom franck. mais il semble que ce soit une invention de l’accessoiriste de la série car les scénaristes n’ont jamais eu l’intention de lui donner un prénom. de même, dans l’épisode symphonie en noir, on entend le vétérinaire l’appeler bob (dans la version française car dans la v.o. le toubib ne dit aucun prénom).
peter michael falk était né en 1927 à new york, au sein d’une famille juive immigrée (père russe, mère tchèque). atteint, à l’âge de 3 ans, d’une tumeur maligne au cerveau, il devient borgne et doit porter un oeil de verre qui le donnera, bien des années plus tard, son célèbre regard un peu étrange. il commence à travailler pour la télévision en 1957 et, de petits rôles en rôles de moyenne importance (alfred hitchcock présente, la quatrième dimension, etc.), finira par faire carrière sur grand écran. mais c’est son rôle d’inspecteur à l’imper et au cigare défraîchis qui asseoiront sa renommée, occultant quelque peu cette carrière cinématographique riche de plus de 60 films au service de grands metteurs en scène tels que frank capra (qui lui donne sa chance en 1958), john cassavettes, wim wenders ou nicholas ray.
serge sauvion, sa voix française depuis 1970, est mort lui aussi l’an dernier à l’âge de 80 ans. il avait doublé burt reynolds, jack nicholson, richard burton, mickey rourke et était la voix de césar dans les dessins animés d’astérix. le doublage de columbo lui avait permis, pour la première fois depuis ses débuts en 1950, de gagner décemment sa vie. il lui arrivait toutefois d’exprimer un certain regret à être resté dans l’ombre de ses personnages. le doublage était pour lui, comme il le disait, un « piège doré ».