philibert

Philibert

réal. sylvain fusée, scénario francien cathelain et jean-françois halin, int. jérémie renier, alexandre astier, manu payet, élodie navarre, gaspard proust. 2010, 103'. 3,5 pouces

le synopsis
robuste puceau idéaliste, philibert (renier) vit une vie paisible dans sa famille cultivatrice d'artichauts en se préparant à prendre la relève de son père et en se préservant pour la fille que dieu lui destine. mais voilà, sur son lit de mort, son père lui apprend qu'il…


… s'appelle en fait eudes bérendourt de saint-avoise et qu'il doit venger son vrai père, assassiné 20 ans plus tôt par le comte clotindre d'artois (astier)…

l'avis
on sent que les auteurs ont un peu hésité à se lâcher, surtout dans la première partie du film. résultat, quelques temps morts et mini-longueurs. une faiblesse que la seconde partie du film et certaines séquences hilarantes compensent largement.

visuellement, philibert emprunte tous ses codes aux films de cape et d'épée (jusqu'à l'affiche qui évoque, entre autres, fanfan la tulipe) et se réclame, dans un hommage appuyé mais jamais lourdingue (c'est un pastiche, pas une parodie), de réalisateurs comme michael curtiz ou andré hunebelle. les fans de ces films-là se trouveront ainsi plongés avec délice, dès le tout premier plan (la ferme où vit philibert) dans un parfum de capitan (1960) avec jean marais et bourvil, et jusqu'à la séquence finale (le combat à l'épée sur un escalier reproduit quasi à l'identique) dans robin des bois (1938), où errol flynn se bat avec basil rathbone pour les beaux yeux d'olivia de havilland. même les scènes de cavalcade sont légèrement accélérées-saccadées.

le scénario rappelle furieusement celui de l'excellent princess bride (on s'attend à tout moment à ce que philibert déclame "yé m'appelle inigo montoya, tou as toué monn pèrre, prépare-toi à mourir"), le ton est décalé, les sentiments sont forcément de "bons sentiments" et les références à l'homosexualité inévitables (à voir comment ces hommes en collants se donnent l'accolade), le monde est nécessairement manichéen (il ne peut y avoir que le bien ou le mal… et c'est toujours le bien qui triomphe). l'originalité de ce film provient, et c'est paradoxal, des codes visuels et stylistiques qu'il emprunte directement à ses modèles: couleurs saturées d'un monde "propre" et délicieusement désuet, psychologie des personnages stigmatisée notamment par des costumes tout à fait ajustés et aux couleurs chargées d'un symbolisme primaire.

on ne sera pas surpris de retrouver ici l'esprit et les ressorts comiques d'oss 117, la naïveté du personnage principal, ses postures triomphantes et ses rires forcés étant quasiment les mêmes puisque l'un des scénaristes (halin) est aussi celui des deux oss.

jérémie renier est parfait en puceau vengeur, naïf et sûr de son fait. peu habitué de ce genre de registre (il a failli refuser le rôle, tant il doutait d'y arriver), il soutient pourtant la comparaison avec dujardin. le rôle était à l'origine destiné à jocelyn quivrin, mais la mort brutale du comédien en a décidé autrement. manu payet est devenu presque incontournable aujourd'hui dans ce genre de comédie. alexandre astier trouve ici son premier "grand" rôle et qui campe un méchant qui n'est cependant pas totalement crédible dans sa méchanceté (et c'est assez drôle), tant perce sous ses sourcils froncés une humanité que l'on ne parvient jamais à dissocier de l'acteur qui l'interprète. on pourrait croire que le rôle a été écrit sur mesure, mais même pas: à l'origine, il devait jouer le rôle de martin (que tient finalement payet). quant à élodie navarre, qui interprète l'amour de philibert convoitée par clotindre, je l'ai confondue tout le film avec frédérique bel. et en fait non. j'ai même cru un moment que c'était sa soeur, mais non. incroyable, non? sylvain fusée est l'un des réalisateurs "historiques" des sketches de groland avec jules-edouard moustic (christophe salengro, président du groland, interprète d'ailleurs dans le film un petit rôle).

allez voir ce film, vous vous marrerez sûrement. pour autant que vous ayez un zeste d'humour décalé…

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