l’illusionniste

L'illusionniste

réal. sylvain chomet, scénario jacques tati, sylvain chomet, voix jean-claude donda, edith rankin. 2010, 77'. 4 pouces.

le synopsis
à la fin des années '50, une révolution – le rock 'n roll – rend progressivement les artistes de music-hall démodés. un vieil illusionniste sent bien qu'il…


… appartient à une catégorie en voie de disparition. aussi part-il tenter sa chance à londres, où la situation n'est guère plus réjouissante, puis en écosse, où il va rencontrer alice…

l'avis
77 minutes d'intelligence dans un monde de médiocrité, de nostalgie dans un monde de technologie, d'humanité dans un monde d'indifférence. ce film pose un regard tendre sur ces laissés-pour-compte qui ont encore des choses à dire mais que plus personne n'écoute, il offre une pause bienvenue dans cet océan d'effets "spécieux", de l'émotion palpable et des sentiments qui ont des accents de sincérité simple. sans cynisme ni amertume ni jugement. merci messieurs, ça repose l'âme et ça fait un bien fou au coeur.

le film repose sur un scénario qu'avait écrit, mais sans l'achever, jacques tati. il est omniprésent dans le film, et pas seulement à travers le personnage de l'illusionniste, qui est d'ailleurs, selon le réalisateur, davantage une représentation de l'homme que de son personnage de monsieur hulot. et c'est sa propre fille, sophie tatischeff, qui l'a transmis au réalisateur, avant de décéder en octobre 2001. du coup, chomet s'est senti "accepté, bienvenu, validé" pour perpétuer l'oeuvre de ce cinéaste qu'il connaissait bien. "légitimé", il complètera les scènes visiblement moins développées et celles qui n'étaient écrites que de manière elliptique, tant tati devait les avoir visualisées avec précision dans son esprit.

l'illusionniste va à contre-courant de l'écrasante majorité des films d'animation actuels qui s'engouffrent, souvent pour des raisons d'audience, dans la brèche prétendument incontournable de la 3d. le choix, artistique et revendiqué, de l'animation traditionnelle donne à l'ensemble une esthétique charmante, un style vieille école de bon aloi et une élégance un peu désuète qui ne saurait être mieux adaptée au propos. hommage à l'oeuvre et au style de tati, le film l'est également dans le parti pris de mise en scène, parvenant à raconter une relation intime entre deux personnages sans aucun gros plan. il faut dire que c'était aussi la marque de fabrique de jacques tati, qui racontait toujours ses histoires "à hauteur d'homme", c'est-à-dire à base de cadres larges montrant ses personnages en pied.

l'écosse peut paraître étrange comme unité de lieu. c'est que sylvain chomet, après le succès des triplettes de belleville, y a installé son studio django film (près d'édimbourg). l'atmosphère des highlands lui plaît tellement qu'il décidera d'y situer une partie de l'action du film.

gérant l'héritage de jacques tati depuis des années, à travers leur compagnie les films de mon oncle, les auteurs des deschiens, jérôme deschamps (neveu de tati) et macha makeieff, ont participé à l'élaboration du film, épaulant le réalisateur tout au long du processus.

césar du film d'animation 2011, l'illusionniste est un film à voir… séance tenante.

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