world invasion: battle los angeles

World invasion battle los angeles

réal. jonathan liebesman, int. aaron eckhart, michelle rodriguez, bridget moynahan, jim parrack. 2011, 116'. 1,5 pouces.

le synopsis
une pluie de météores est annoncée sur terre. vu la vitesse des objets célestes, ça promet un vrai désastre. or, au moment de toucher la surface du globe, les scientifiques constatent que…


… leur vitesse ralentit et qu'ils semblent tous "habités" de la même forme géométrique. ce n'est pas une pluie de météores mais bel et bien une invasion. voire une colonisation…

l'avis
chouette! en ce moment, le cinéma nous régale avec des invasions extrêmement agressives qui ne laissent que peu d'espoir à l'humanité. on en raffole, on en redemande! et? grandiose déception! après le déjà décevant skyline (colin strause, 2010), world invasion… n'est pas un film qui raconte une invasion extraterrestre. c'est un film qui raconte comment des militaires américains gèrent une situation de crise extrême. ce film se révèle n'être qu'une longue pub pour les marines, un hymne – encore un! – à la gloire des militaires américains qui, armés de leur seul courage, savent faire face à l'adversité, sauver l'humanité, blablabla.

les seuls à y croire encore (et toujours), ce sont bien les américains, gonflés d'arrogance et sûrs de leur supériorité.

et les revoilà, avec leurs godillots, se posant en donneurs (éhontés) de leçons. obama n'y arrivant pas, il faut bien que l'armée s'en charge. à commencer par l'enseignement de valeurs fondamentales, on pourrait même dire fondatrices, comme le courage, la fidélité, la famille. à eux seuls, ils vont trouver la faille de ces méchants aliens et, magnanimes, apprendre aux autres comment faire ("informez-en immédiatement les qg du monde entier"). il faut dire que, comme tous les extraterrestres (dans les films), ceux-ci ont un talon d'achille: ils sont très cons. ben oui, faut être très con pour installer son qg sur terre (même en le planquant dans un gros hangar MDR) alors qu'on vient de l'espace, l'exposant ainsi aux attaques et fragilisant du même coup leur système, très humain finalement, de communication entre la base et les drones.

le problème avec les américains, c'est qu'il n'y (en) a que (pour) les américains. il ne leur vient pas une seule micro-seconde à l'esprit que le propos serait mille fois plus intéressant s'ils élargissaient un tant soit peu leur point de vue aux autres nations au lieu de ne nous montrer que celui de l'amérique (dont, soit dit en passant, on se fout un tout petit peu)? ok, ils ont un grave problème de positionnement en ce moment et leurs "campagnes de pub" (lancées à coup de milliards) n'ont pas les effets escomptés. mais bon sang, vous croyez vraiment que vous allez passer pour des leaders en montrant au monde entier 6 marines dégommer des aliens? ah, c'est une allégorie (terme bien trop compliqué pour décrire le simplisme du film) pour nous faire comprendre que les ennemis, ce sont en fait les chinois ou toute autre nation montant en puissance et que les américains vont, une fois encore, sauver le monde (it's a lousy job, but somebody's gotta do it!)? sans déconner!

ce film aurait pu être signé roland emmerich: c'est très mauvais (c'est même insupportable de médiocrité) et il y a des hélicoptères partout. nous voici donc revenus aux années '50 quand l'envahisseur (appellation qui avait son charme et que je propose de remettre au goût du jour) était une représentation du russe ou du communiste venant menacer la liberté chérie de ce grand peuple américain. on pensait (s')en être sortis. il faut croire que non, l'actualité resurgissant sur le travail (appelons ça un travail, il n'est pas question ici d'imagination) des scénaristes. les films d'anticipation d'alors (encore une appellation que j'adore) avaient au moins pour eux le charme désuet de la grosse naïveté.

le seul second degré de tout le métrage, c'est à michelle rodriguez qu'on le doit. la bestiole qu'elle vient de dégommer à bout portant lui envoie son sang gélatineux en plein visage. s'essuyant avec dégoût, elle dit au mec à côté d'elle: "pouah, il m'a envoyé son truc gluant dans la bouche!" et le mec, hilare, de répondre: "tu fais ça dès le premier rendez-vous, toi?". ce qui provoque un sourire est moins la réaction du gars que le fait notoire que rodriguez est homosexuelle.

bref, cette micro-seconde de franche marrade passée, on s'ennuie ferme, on est même limite agacés d'être pris pour des témoins alors qu'au fond on est venu voir l'accident pour se marrer. dommage, la bande-annonce était prometteuse (un conseil petit: méfie-toi toujours des bandes-annonces!) et le sujet (la colonisation extraterrestre) l'était encore davantage.

mais voilà, la dégradation de la situation géopolitique mondiale, la perte de vitesse d'une nation naguère conquérante et une haine atavique de l'étranger, conduisant à un protectionnisme forcené, ont eu raison d'une orientation scénaristique innovante ou simplement créative (bon, je vais me coucher, moi).

à oublier donc. et qu'ça saute, bande de feignasses!

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